Résister à la culpabilisation : sur quelques empêchements d’exister de Mona Chollet
Vous connaissez cette femme qui passe son temps à s’excuser d’exister ? Oui, moi aussi, je la connais plutôt bien ! Alors, quand j’ai vu passer Résister à la culpabilisation : sur quelques empêchements d’exister de Mona Chollet, je me suis littéralement jetée dessus.
Résumé
Dans cet essai, Mona Chollet s’attaque à la petite voix dans notre tête qui a toujours une crasse à nous dire parce qu’on ne fait jamais assez bien les choses à son goût. Pour ce faire, l’autrice retrace l’histoire de cette culpabilité qui semble intrinsèque à notre condition de femmes, en passant par la religion et les mythes, jusqu’à la débusquer dans ses représentations plus contemporaines.
Ce que j’en ai pensé ?!
C’est ce préjugé d’une infériorité du féminin que nous allons essayer de conjurer dans ces pages, à la fois par la forme et par le fond.
Alors… Je ne vous cache pas que mon avis est assez mitigé sur cet essai. Je pense qu’il s’éloigne un peu trop de ce que je venais y chercher, il s’attarde longuement sur des sujets qui m’intéressaient moins et enfonce quelques portes ouvertes. Néanmoins, je prends toujours autant plaisir à cheminer avec l’autrice et à la suivre dans ses réflexions. A noter les nombreuses références qu’elle nous propose.
L’ouvrage commence sur l’héritage chrétien de la culpabilisation. Et quand on a déjà lu quelques livres sur l’histoire du féminisme et de l’oppression des femmes, ben ya pas grand chose de neuf sous le soleil !
Ensuite, l’autrice aborde longuement la diabolisation des enfants [ces petits êtres pas totalement finis dont le rôle principal est de nous casser les pieds, visiblement. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont certains grands pontes de l’éducation !] et la culpabilité qu’on fait peser sur les mères qui ne font jamais les choses assez bien, qu’importe à quel point elles s’impliquent dans l’éducation de leurs marmots… Étant donné que je fréquente très peu d’humains de moins de 18 ans et que je n’ai pas l’intention d’en fabriquer moi-même, ces deux chapitres m’ont semblé particulièrement longs et redondants. Malgré tout, j’ai été interpelée par son constat disant que de nombreuses personnes qui tendent à limiter le champs d’action des enfants utilisent l’argument du “nous, on a bien été éduqué·es comme ça et on en est pas mort·es”. Certes… Mais quand on voit le nombre d’adultes qui ont ou auraient bien besoin d’une thérapie, je ne suis pas sûre de la pertinence de l’argument !
Mona Chollet s’interroge aussi sur ce qui fait que l’école est à ce point devenu un lieu d’humiliation, que ce soit entre élèves, mais aussi et surtout, de la part des enseignant·es. Pas toustes, on est bien d’accord mais posons-nous la question des conséquences du manque de reconnaissance et de l’épuisement des enseignant·es sur leur capacité à rester bienveillant·es au quotidien. Moi, à leur place, je n’y arriverais pas et iels ont toute mon admiration ! Là encore, c’est un système qu’il faut repenser, pas accuser des individu·es.
Dans le chapitre “marche ou crève”, il est davantage question de notre rapport au travail, de l’injonction qui résonne partout d’être productifs et productives. Et ce, que ce soit dans notre sphère professionnelle ou dans les projets que nous montons à côté, dans notre manière de “profiter” de nos journées de congé, de nos loisirs, etc. Or, elle rappelle à quel point l’ennui et la “perte de temps” sont importants pour permettre à nos esprits de souffler et de retrouver leur créativité.
L’autrice met aussi en avant le fait que tous les corps ne sont pas exploités de la même manière au travail et que la plupart des sociétés se sont construites et ont prospéré grâce à l’exploitation de certaines catégories de personnes (les personnes racisées, les femmes, les pauvres, pour n’en citer que trois).
Enfin, elle s’attarde sur la culpabilisation que l’on peut ressentir dans le milieu militant et de l’injonction à être le/la plus irréprochable possible. Ce qui engendre beaucoup de fatigue et de mal-être dans ces milieux. Elle fait notamment références à d’autres travaux sur le même sujet qui nous invitent à nous engager, même et surtout, de manière imparfaite.
Alors, pour être tout à fait honnête avec vous, au moment de commencer à écrire cette chronique, j’étais incapable de me souvenir d’une grosse partie de ce que j’avais lu, une semaine avant [on dit merci les notes dans les marges et les passages soulignés pour retrouver un semblant de mémoire]. Sans doute peut-on accuser la fatigue mais c’est interpellant de se dire que si peu m’en est resté. Pourtant, j’ai pris plaisir à lire cet essai [quand je ne m’endormais pas dessus] et à retrouver la plume de l’autrice, que j’aime tant. En plus, elle devient moins acerbe mais tout aussi drôle, quand il le faut. Comme chaque fois, Mona Chollet part de son expérience personnelle pour interroger la littérature, au sens large, sur ce sujet et dresser un constat sur base de ce qu’elle y a trouvé. Elle s’appuie également beaucoup sur des éléments de pop culture, sur des films et des séries. Elle ne propose aucune recette miracle pour se débarrasser de cette affreuse petite voix qui résonne trop souvent dans notre tête. Mais après tout, ne dit-on pas que connaître son ennemi·e, c’est une première étape pour le ou la combattre ?!
Infos pratiques
Titre : Résister à la culpabilisation : sur quelques empêchements d’exister
Autrice : Mona Chollet
Édition : La Découverte,collection Zones, 2024
Nombre de pages : 272 pages
Genre : essai
3 commentaires
Ma Lecturothèque
J’ai l’impression que ce livre ne m’apportera vraiment pas grand chose de nouveau et, surtout, quand j’ai lu “Réinventer l’amour”, j’ai aussi eu ce sentiment de ne rien me souvenir une semaine après (en partie, je pense, car le livre ne m’a rien apporté, ou si peu), je n’ai donc pas très envie de réitérer l’expérience…
Maghily
Je comprends que si tu as déjà eu cette expérience avec “Réinventer l’amour”, ça ne te donne pas envie de réitérer l’expérience. Il vaut mieux l’écouter sur les différents podcasts dans lesquels elle intervient, tu auras déjà une bonne idée de ce dont elle parle ici.
Ma Lecturothèque
Ah oui, les podcasts, excellente idée ! Je l’avais d’ailleurs entendue à propos de “D’images et d’eau fraîche” et j’avais trouvé ça très intéressant.