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Culture

Et si les femmes avaient le droit de vieillir comme les hommes d’Amanda Castillo ?

Tout est dans le titre de cet essai de la journaliste Amanda Castillo, qui a décidé de ne plus répondre à la question quand on lui demande son âge. Loin d’être une coquetterie, elle estime qu’il s’agit d’un acte politique et elle nous explique pourquoi à travers cet essai.

L’ouvrage se divise en deux grandes parties :

  • Leurs regards, dans laquelle l’autrice décrit les différents types de femmes que nous sommes aux yeux de la gente masculine, allant de la poupée ingénue à la vieille mégère défraichie de plus de 40 ans ;
  • Nos vies, dans laquelle l’autrice propose de nouvelles manières de nous réapproprier notre identité en se basant sur des exemples de femmes qui n’ont pas eu peur de vieillir et qui ont fasciné le monde toute leur vie.

Alors, petit disclaimer : cet essai est essentiellement basé sur une réflexion se situant dans la société hétéro-patriarcale occidentale, même si elle aborde à l’une ou l’autre occasion la question du lesbianisme politique.

“Vieillir, c’est encore ça : mesurer le bonheur d’un certain détachement”.

Sans surprise, j’ai largement préféré la seconde partie à la première où je trouvais que la place accordée aux hommes étaient bien trop grande. Même si je trouve intéressant de rappeler que leur attirance pour des femmes [très voire trop] jeunes provient de siècles d’endoctrinement au travers d’œuvres religieuses, philosophiques ou culturelles dans lesquelles les femmes jeunes sont présentées comme des déesses tandis que leurs ainées sont au mieux invisibilisées, au pire, présentées comme putrides et malfaisantes. Mais avait-on vraiment besoin d’analyser si longuement les sorties des Yann Moix et autres machistes notoires ?! Je ne pense pas.

Dans la seconde partie, l’autrice s’attarde sur plusieurs figures féminines qui peuvent nous servir de modèles d’indépendance, de liberté et d’acceptation de soi. Ce chemin ne fut pas une évidence pour chacune d’entre elles, notamment Benoite Groult qui a d’abord emprunté les chemins traditionnels du mariage, de la maternité et de la chirurgie esthétique avant de s’affranchir de certains carcans et de reprendre pleinement possession de son existence.

Parmi les figures que présente Amanda Castillo, deux ont particulièrement attiré mon attention, sans doute parce que je les connaissais moins : Lou Andréas-Salomé et Dominique Rolin. La première a longtemps refusé tout rapprochement charnel avec les hommes [même son mari n’aurait jamais eu le droit de la toucher durant leurs 43 ans de mariage] mais elle fascinait tout de même les plus grands intellectuels de son époque qui tombaient tous sous son charme : Nietzsche, Rilke ou Freud, pour n’en citer que trois. Elle privilégiait avec eux l’émulation intellectuelle et les subjuguait, notamment, par le fait qu’elle n’aimait qu’elle-même.

Dominique Rolin, quant à elle, a vécu une histoire d’amour durant 50 ans avec l’auteur Philippe Sollers, de 20 ans son cadet. Dans ce couple d’écrivain·es, chacun·e continuait à avoir des aventures [voire à se marier, pour Sollers] à côté de leur duo qui se voyait deux nuits par semaine. Là encore, c’est l’émulation intellectuelle et l’admiration mutuelle qui semblait animer leur passion l’un pour l’autre.

Par cet ouvrage, Amanda Castillo confirme qu’il est possible de transcender l’image que l’on donne de la femme “vieille”. Mais aussi que cette condition a davantage à voir avec un état d’esprit qu’avec une réelle condition physique. Elle nous invite donc à changer notre regard sur nous-mêmes, à réinventer de nouveaux modèles de femmes de plus de 40 ans, libres, sûres d’elles et pleines de vie. Cela tombe bien car la quarantaine se rapproche dangereusement, par ici, alors que je n’ai toujours pas totalement intégré que j’étais désormais une adulte !

Infos pratiques

  • Titre : Et si les femmes avaient le droit de vieillir comme les hommes ?
  • Autrice : Amanda Castillo
  • Édition : L’Iconoclaste, 2023
  • Nombre de pages : 330 pages
  • Genre : essai, féminisme

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