Couverture de Rebecca
Culture,  Lecture

Rebecca de Daphné du Maurier

Pour le fantastique classique d’octobre, j’avais choisi depuis bien longtemps de lire Rebecca de Daphné du Maurier, que je souhaitais lire en anglais. L’autrice est considérée comme l’une des reines du suspens, ça me semblait donc tout indiqué !

Résumé

Une jeune femme séjourne à Monte Carlo alors qu’elle tient le rôle de dame de compagnie pour une vieille aristocrate anglaise. Durant ce séjour, elles font la rencontre de Maxim de Winter, jeune quarantenaire héritier du domaine de Manderley et fraichement veuf. Profitant d’une soudaine poussée de fièvre de la vieille dame, le couple va se rapprocher tant et si bien qu’au terme des 15 jours de convalescence de la parturiente, Maxim propose à la jeune femme de l’épouser et de venir vivre avec lui à Manderley.

Là, la jeune femme doit apprendre à vivre avec le fantôme de Rebecca, la précédente Madame de Winter, qui devient de plus en plus oppressant…

Ce que j’en ai pensé ?!

On ne va pas se mentir, je m’attendais à trouver une ambiance beaucoup plus lourde et flippante dans ce roman !

Le roman est écrit à la première personne, d’après le point de vue de la jeune femme qui se marie avec Maxim de Winter. Le roman débute à Monte Carlo et l’on suit son séjour pendant quelques chapitres que j’ai trouvés assez longs. A cette occasion, nous sommes témoins des premiers propos assez problématiques de Maxim : il fait plusieurs fois mention du jeune âge de sa dulcinée et de sa crainte de la voir un jour perdre son innocence et sa jeunesse… Car, même si ni son âge, ni son nom, ne sont jamais mentionnés, on comprend qu’elle sort tout juste de l’adolescence alors que lui a la quarantaine… Vous avez dit creepy ?!

Vient ensuite l’arrivée à Manderley. Daphné du Maurier est maitresse dans l’art de décrire ces grands domaines perdus au fond des bois, avec une sortie sur la mer et où la nature semble dicter ses propres lois. C’était déjà le cas dans The Frenchman’s Creek et Ma cousine Rachel. Manderley est un personnage à part entière du roman. La maison est imposante, immense mais aussi globalement vide : toute une aile est condamnée. Tout en elle porte la trace de l’ancienne Madame de Winter, Rebecca. La narratrice se perd régulièrement dans le dédale des couloirs, d’autant que son charmant époux n’a même pas pris la peine de lui faire faire le tour du propriétaire [non, je ne suis clairement pas tombée sous son charme].

La vie à Manderley est réglée comme du papier à musique, le tout sous le regard assez peu bienveillant de Mme Danvers, l’ancienne gouvernante de Rebecca, à son service depuis son enfance. La narratrice se plie aux règles de la maison, essayant de reprendre le rôle anciennement assigné à Rebecca, utilisant le matériel qui lui appartenait, écrivant dans des cahiers qui contiennent encore son écriture, suivant les menus que Rebecca approuvaient. Elle s’efface derrière le fantôme de sa rivale.

Durant tout le roman, on la voit tenter de prendre sa place dans un domaine où elle ne se sent pas la bienvenue et dont elle ne comprend pas les codes. Elle n’appartient pas à cette vieille aristocratie qui prévoit chaque jour de quoi nourrir un régime à l’heure du thé, alors que les hôtes touchent à peine à la nourriture proposée. Elle s’inquiète, chaque jour, de ne pas être à la hauteur de la tâche qui lui incombe, d’autant plus que son mari semble lui en vouloir de ne pas arriver à la cheville de son ancienne épouse. Elle parvient pourtant à se faire des alliés auprès de sa belle-sœur et de l’associé de son mari.

Au fur et à mesure que le roman avance, l’ombre de Rebecca plane de plus en plus amplement sur le domaine et l’on sent l’arrivée prochaine d’un drame. Cela se traduit, notamment, par l’ambiance suffocante de cet été anglais pendant lequel l’orage ne se décide pas à éclater… Jusqu’au moment où la situation semble totalement leur échapper.

Rebecca, c’est donc l’histoire d’un couple qui ne sait pas communiquer, mais aussi celle d’une société qui vit dans son propre univers parallèle, loin du “peuple” et fait de mondanités et de promenades, ne sortant pas des frontières de leur domaine. C’est aussi l’histoire de la naissance d’une femme qui peu à peu trouve sa place dans ce monde, se libère du joug dans l’ancienne épouse pour devenir sa propre version de Madame de Winter. Le tout, sur fond d’un léger suspens autour de la mort de Rebecca.

Je me suis pas mal ennuyée sur la première moitié du roman. Ce n’est pas la première fois que je trouve que les intrigues de Daphné du Maurier mettent du temps à s’installer. Heureusement, les choses s’accélèrent et le suspens donne envie de s’accrocher suffisamment pour parvenir jusqu’au bout. De plus, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages que je trouve tous plus détestables les uns que les autres : la narratrice donne envie de la secouer tellement elle est nuche, Maxim de Winter semble être un sombre connard et ne parlons pas du reste de la maisonnée ! L’autrice parvient malgré cela à nous convaincre de soutenir celleux qui, normalement, devraient être considérés comme les méchants de l’histoire.

Infos pratiques

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