Couverture de Buvard de Julia Kerninon
Culture,  Lecture

Buvard de Julia Kerninon

Buvard est le premier roman écrit par Julia Kerninon. Il trainait dans ma PAL depuis quelques mois et c’est l’annonce de la publication d’un nouveau roman de l’autrice, en octobre, qui m’a motivée à l’en extirper.

Résumé

Lou, un jeune universitaire parvient à s’introduire chez son autrice préférée pour réaliser un entretien. Celui-ci se transforme alors en séjour de plusieurs semaines pendant lequel, jour après jour, l’autrice accepte de se livrer. Le jeune homme comprend alors qu’il vient de se voir confier une mission : celle d’écrire la biographie de Caroline N. Spacek.

Ce que j’en ai pensé ?

J’ai beaucoup aimé ce roman aux multiples temporalités. Écrit comme un témoignage au présent, il devient rapidement un récit doublement enchâssé. Tout d’abord, on y suit le récit de ces quelques semaines passées dans les confins de la campagne anglaise, chez Caroline, ainsi que l’évolution de la fragile relation qui se nouent entre les deux protagonistes. A l’intérieur de celui-ci, on découvre le récit du passé de nos deux personnages, et plus largement, de celui de Caroline, depuis son enfance jusqu’aux quelques années qui ont précédé cette rencontre. De temps en temps, des flashbacks de l’adolescence du narrateur viennent s’y intercaler.

Dans cette biographie fictive, il est longuement question des relations amoureuses de Caroline [où on trouve une confirmation que les écrivains ne sont pas des êtres fréquentables, sentimentalement parlant] et leur implications dans le travail d’écriture de l’autrice. J’ai aimé que, dans ce roman, ce soit la femme qui a principalement tendance à mettre sa carrière au premier plan, plutôt que ses amours.

Il est aussi, souvent, question du travail d’écriture de Caroline, des sujets traités dans ses romans, de la réception du public, … Et là, je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir une certaine frustration parce que ces œuvres n’existent pas alors que j’aurais bien voulu les lire [vous me direz, c’est que leur description donnait envie]. J’ai eu, plusieurs fois, l’impression de passer à côté de quelque chose…

La force de ce roman tient vraiment dans la construction du personnage de Caroline qui semble changer de visage, au fur et à mesure que Lou la découvre. C’est intéressant d’y avoir intégré ses propres questionnements sur ce qu’il pense comprendre ou non, sur ce qu’il ressent en écoutant certaines révélations, sur ses doutes sur la confiance qu’il peut accorder ou non aux propos de Caroline, etc. En effet, la plupart des personnes qu’elle cite ne sont plus présentes pour confirmer ses dires : il n’a donc que peu de possibilités de croiser ses sources.

Le roman pose la question de la figure de l’artiste : faut-il obligatoirement connaître un auteur ou une autrice pour apprécier son œuvre à sa juste valeur ? Faut-il vraiment rencontrer les artistes qu’on admire ? Quel rôle les médias et leur traitement biographique peuvent-ils avoir sur la vie de cet·te artiste ?

Ici, on voit une écrivaine qui s’est enfermée dans une solitude extrême et dont la vie semble être l’objet de nombreuses spéculations de la part des fans et des médias. Quelle est notre responsabilité, en tant que lecteurs et lectrices ? Ne devrions-nous pas ignorer les informations concernant la vie personnelle de nos auteur·ices préféré·es ? [Dit-elle alors qu’elle adore suivre les comptes Instagram de ces personnes]

J’ai été dérangée à plusieurs reprises par ce que je lisais tant la vie de Caroline me semble traversée de relations plus toxiques les unes que les autres mais j’ai beaucoup aimé ce roman. C’est d’ailleurs, sans doute, l’un de mes préférés de Julia Kerninon.

Infos pratiques

  • Titre : Buvard
  • Autrice : Julia Kerninon
  • Édition : Babel, 2016
  • Nombre de pages : 224 pages
  • Genre : Contemporain
  • Challenge : en sortir 24 en 2024
  • Chez les copinautes : le billet de Fanny

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