Bilan culturel de septembre 2024

Conférences

Ce mois de septembre fut riche en conférences !

Il a commencé avec la venue d’Iris Brey au cinéma des Galeries pour parler de regard féminin dans la réalisation et la mise en scène de films ou de séries. La réalisatrice a fait part de son expérience avec l’écriture de la série Split [dont on va parler plus bas] et des difficultés qu’elle a rencontrées. Notamment, l’espèce de “censure” qui a plus ou moins pesé sur son travail si elle voulait que sa série puisse bénéficier de la petite gommette “Interdit au moins de 12 ans” et non “Interdit au moins de 16 ans” qui lui aurait valu d’être reléguée à des heures de diffusion très limitées. Or, celle-ci ne semble pas être aussi pesante quand l’histoire d’amour racontée n’est pas celle de deux lesbiennes mais celle d’un couple hétéro… Cela nous a permis de mieux comprendre certains choix qui nous avaient paru étranges lors du visionnage de la série.
Elle a également fait part des difficultés rencontrées lors de l’écriture et, surtout, de la réception de son ouvrage Un regard féminin. Elle a subi de nombreuses remarques d’autres féministes, qu’elle trouve tout à fait légitimes, mais qu’elle aurait préféré recevoir directement, dans le cadre d’une discussion, plutôt que jetées en pâture en public ou par médias interposés. Je l’ai trouvée extrêmement modeste dans sa manière de se présenter : rappelant l’isolement qui était le sien quand elle écrivait cet essai et le fait que, dorénavant, elle souhaitait davantage s’entourer d’autres autrices ou militantes pour la rédaction de futurs travaux.

Toujours dans le cadre des conférences Cultur’Elles, on a eu la chance d’aller écouter Pénélope Bagieu et Catherine Ocelot [alors, par contre, la Ville de Bruxelles, si vous pouviez respecter le timing indiqué, ça nous éviterait de devoir nous barrer en plein milieu]. C’était passionnant de les écouter nous parler de leur rapport à l’écriture, de leur rapport à l’intime, des figures féminines qui les inspirent, de leur besoin de s’entourer d’autres femmes artistes pour discuter de leur travail. J’ai adoré les écouter et j’ai été quelque peu frustrée de devoir quitter la conférence avant la fin car ce jour là, on avait aussi prévu…

… d’aller écouter Édouard Louis, Geoffroy de Lagasnerie et Didier Eribon à Bozar. Le sujet de la conférence était l’amitié [j’avais peur que ça ne parler que de transfuge de classe, ce fut le cas un peu mais pas trop]. Édouard Louis et Didier Eribon avaient prévu un texte à lire tandis que Geoffroy de Lagasnerie s’est entretenu, avec Pascal Claude, au sujet de son livre, 3, sorti il y a deux ans.
La lecture d’Édouard Louis était terriblement émouvante : il y parlait notamment d’un de ses frères, rejeté par sa famille et décédé à force d’abuser de la boisson. L’écrivain se demandait s’il aurait pu finir comme son frère s’il n’avait pas eu la chance de développer l’amitié qu’il entretient avec Eribon et Lagasnerie.
J’ai été assez touchée par leur discours sur le fait de remettre l’amitié au centre de nos vies : vous aurez compris que c’est un sujet qui me travaille beaucoup en ce moment. Ils proposent aussi d’amicaliser davantage le couple. Là aussi, c’est une notion qui me parle pas mal et qui rejoint des lectures que j’ai pu faire comme l’essai d’Aline Laurent-Mayard ou, plus récemment, Un désir démesuré d’amitié. Par contre, j’ai trouvé quelque peu hypocrite le discours de Lagasnerie sur le couple en sachant que, lui-même, est en couple avec Eribon. Il y avait quelques éléments quelque peu dissonants.
De plus, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir le pressentiment que, dans ce trio, Eribon, au-delà du mentor, fait quelque peu office de gourou pour ses jeunes amis. Cela m’a d’autant frappée quand l’un et l’autre ont avoué avoir coupé les ponts avec toutes leurs anciennes relations amicales au moment de le rencontrer.
Bref, la soirée fut intéressante mais sur la fin, je commençais à fatiguer. D’autant que la discussion tournait quelque peu en rond.

Stand Up

Parce que les conférences, c’est bien sympa mais qu’il faut aussi savoir rire, je suis allée voir Manon Bril au Kings of Comedy Club. C’est actuellement sa tournée de rodage. Globalement, j’ai apprécié le spectacle ! C’est drôle tout en étant assez instructif : Manon est docteure en Histoire et a une chaine de vulgarisation sur Youtube, pour celles et ceux qui ne la connaîtrait pas. Elle se base donc sur ses connaissances dans le domaine pour nous apprendre l’Histoire de manière drôle et, surtout, pour aborder des sujets de société encore actuels [féministes, pour la plupart]. Elle explique aussi les avancées que la technologie a pu permettre, notamment en matière d’archéologie. Bon, si vous la suivez sur les réseaux sociaux, vous aurez déjà entendu certaines blagues ou anecdotes mais c’est pas bien grave [à nos âges avancés, la mémoire flanche de toutes façons].

Et, en première partie, on a eu la chance de découvrir une petite humoriste belge qui commence à percer…

Cinéma – Séries

Pour préparer la soirée avec Iris Brey, T. avait proposé d’organisé une soirée de visionnage de la série Split avec les ami·es intéressé·es par la conférence. On a donc regardé les trois premiers épisodes toustes ensemble mais on a passé tellement de temps à débriefer entre chaque épisode qu’on a pas eu le temps de tout regarder avant la conférence. Bref, on a regardé la suite après, en ayant en tête certains éléments dont la réalisatrice avait parlé et c’était pas plus mal non plus.

Split a le mérite de montrer une histoire d’amour entre lesbiennes et ça, c’est déjà un très bon point. Ce qu’on avait surtout à reprocher à la série, c’était la rapidité avec laquelle les choses se passent entre les principales protagonistes [ok, les lesbiennes n’ont pas de temps à perdre, mais quand même…] et le nombre un peu trop élevé de cunni sur les trois premiers épisodes [oui, c’est agréable, c’est pas le propos]. Et de manière générale, la réalisatrice a voulu faire preuve de pédagogie avec sa série et ça se voit peut-être un peu trop. Néanmoins, Split propose une chouette visibilité à une histoire d’amour comme on en voit peu. Elle permet de montrer des événements de la vie d’une femme qui sont peu représentés à l’écran et surtout, rarement comme ça. Avec autant de justesse. C’était, par exemple, la première fois que je voyais un avortement montré de cette manière [alors, oui, ça peut secouer, je vous préviens !]. Je vous recommande donc cette série en 5 épisodes qui est disponible sur Auvio [pour les Belges].

Podcasts

L’écoute de podcasts a repris plus sérieusement en septembre ! J’ai commencé par l’épisode de Dans quel monde on vit ? consacré à l’ouvrage Raisons et sentiments. Prendre l’amour avec philosophie d’Ilaria Gaspari. Elle y parle du “courage de tomber amoureux”. Disons que ça m’a pas mal parlé.

En ce moment, je ponce tous les épisodes du Book Club de Marie Richeux, sur France Culture. J’y ai découvert Hélène Giannecchini qui m’a donné envie de lire Un désir démesuré d’amitié, j’ai été très touchée par Claudie Hunzinger venue parler de son dernier roman et l’épisode avec Louise Chennevière et Déborah Costes a encore fait gonfler ma wish-list.

J’ai quelque peu déchanté en écoutant l’épisode de La Leçon avec Laura Domenge où elle parlait de son non-désir d’enfant pendant toute sa vie, pour finir par nous annoncer qu’elle est tombée enceinte, presque par accident, et nous vanter sa nouvelle vie de maman… J’ai pas trop compris le message de cet épisode ? Un genre de “mesdames, même si vous dites que vous n’en voulez pas, vous changerez d’avis ?!”. Bref, ça m’a quelque peu énervée.

J’ai une nouvelle fois adoré écouter Coline Pierré parler de son ouvrage Éloge des fins heureuses, dans le podcast Soif de sens. Elle m’a donné envie de relire son essai qui m’avait fait revoir ma façon d’appréhender la littérature.

Mona Chollet était aussi au micro de Lauren Bastide pour la reprise de Folie douce. Autant vous dire que cette discussion m’a donné envie de me précipiter en librairie pour acheter Résister à la culpabilisation.

Et toi, qu’est-ce que tu as aimé voir/lire/écouter en septembre ?!