Les lectures de mes vacances d’été 2024
Parce qu’en ce moment, la flemme est incommensurable pour écrire des chroniques individuelles de toutes mes lectures [et pas que pour ça, d’ailleurs], voici un petit recap express de ce que j’ai lu pendant mes semaines de congés. C’est drôle, j’avais l’impression de ne pas avoir lu grand-chose mais finalement, le bilan n’est pas si catastrophique !
Avant la virée dans le Sud
J’ai commencé mes vacances avec Comme un empire dans un empire, d’Alice Zeniter. J’en ai même fait une chronique que tu peux déjà lire ici.
Ensuite, j’avais envie de positivité [hum] alors que je me suis laissée porter par la couverture toute colorée de Pourquoi pas la vie de Coline Pierré. Il a fallu attendre un peu avant de voir la lumière mais tu peux aussi retrouver mon avis plus détaillé par ici.
En parallèle, je lisais Les lettres d’A l’est de d’Eden, de John Steinbeck. Il s’agit de son journal d’écriture, rédigé quotidiennement et adressé à son éditeur. Steinbeck y consigne son avancée dans l’écriture de ce qu’il considère comme « son grand roman » : il y fait part de ses difficultés mais aussi de ses petites épiphanies. Il raconte aussi ses activités quotidiennes, à côté de l’écriture… Certains passages étaient intéressants mais sans lire parallèlement son texte littéraire, c’est parfois un peu abscons. Pourtant, j’avais lu le roman, il n’y a pas si longtemps que cela. Et puis, comment dire… Tout comme il faut parfois éviter de rencontrer les auteurices qu’on admire, il vaut parfois mieux ne pas trop rentrer dans leurs pensées… J’ai découvert un Steinbeck misogyne et un peu enfant gâté. Bref, pas le genre de personne que j’aurais eu envie de côtoyer !
Ensuite, j’ai commencé la lecture de LA briquasse de l’année mais que j’ai dû abandonner à son triste sort quand je suis partie dans le Sud : La Maison dans laquelle de Mariam Petrosyan. Je compte la reprendre bientôt car même si je n’y comprends rien, j’adore cette lecture ! 😊
Les lectures du Sud
Viennent ensuite les deux romans que j’ai embarqués avec moi pour ma petite semaine chez la Madre. Ne nous fions pas à leurs jolies couvertures colorées, ils ne respiraient clairement pas la joie de vivre… [un peu comme moi, en ce moment, en somme !]
L’été où tout a fondu de Tiffany McDaniel
Dans ce roman, l’autrice raconte l’histoire d’un garçon noir de 13 ans qui débarque dans la ville de Breathed, en Ohio, à l’été 1984. Il souhaite répondre à une petite annonce dans laquelle le juge Bliss invitait le Diable à le rencontrer. Ce garçon croise la route de Fielding, le fils cadet du juge, qui l’emmène jusque chez lui. Le juge va alors accueillir Sal dans sa maison, en attendant de découvrir d’où il vient, exactement.
Dans ce conte, on retrouve deux caractéristiques que j’avais déjà repérées dans Betty : une écriture poétique qui multiplie les métaphores, parfois à l’excès, et un certain amour pour les histoires glauques et sordides. Dans ce roman, la population va se laisser gagner par le racisme de manière plus ou moins consciente. Excitée par un homme qui a lui-même une aversion toute personnelle pour les jeunes garçons noirs, elle se laisse emporter par la bêtise et la superstition, jusqu’à commettre des actes d’une extrême violence.
D’autres sujets sont également abordés, telles que les conséquences du réchauffement climatique, par l’intermédiaire de la chaleur insoutenable qui pèse sur la ville durant tout cet été ; l’homophobie, avec un jeune garçon qui se découvre gay et va subir le rejet que cela suscite auprès de ses amis, surtout à une époque où l’on vient de découvrir le sida ; mais aussi la pédophilie et les violences sexuelles. La plupart des sujets ne sont pas abordés de manière frontale mais par le biais de contes racontés par le narrateur ou par Sal. Parfois, on se demande même si on a bien compris ce dont il est question… puis subitement, il n’y a plus de doute possible.
J’ai parfois trouvé le roman un peu long et l’enchainement des catastrophes difficilement crédible. Car même si le roman prend la forme d’un conte, on comprend rapidement que nous ne sommes pas face à des événements surnaturels. Tout est malheureusement bien ancré dans la réalité [et ça fait beaucoup pour une seule famille]. Seule la superstition peut donner une explication surnaturelle aux événements contés.
Contrairement à Betty qui m’a fait verser toutes les larmes de mon corps, je suis restée assez hermétique face à cette lecture. Je pense que c’est dû au style trop métaphorique. Je n’ai pas pris spécialement plaisir à le lire et j’étais plutôt soulagée d’en venir à bout.
Où es-tu, monde admirable ? de Sally Rooney
On reste dans le mauve mais on change tout à fait de style avec Où es-tu, monde admirable de Sally Rooney.
Dans ce roman, on suit deux protagonistes principales, Alice et Eileen qui sont meilleures amies, ainsi que leurs « amireux ». Dans la majeure partie du livre, les deux jeunes femmes vivent séparées et communiquent par le biais de longs e-mails mêlant à la fois des nouvelles de leur vie quotidienne et leurs réflexions sur la société, la politique, la littérature, etc. Ces mails sont retranscrits comme des chapitres à part entière du roman. Alice vit dans une maison isolée, sur la côté irlandaise, où elle tente de se reconstruire après un sévère épisode dépressif tandis qu’Eileen vit en coloc à Dublin et travaille dans une revue littéraire.
Dans Où es-tu, monde admirable ?, il est à nouveau question d’exploration des relations amoureuses dans un contexte socio-économique compliqué. Pour Alice, l’argent n’est pas un problème mais elle doit gérer une santé mentale vacillante et une profonde solitude qu’elle tente de combler en s’inscrivant sur Tinder [ouais, pas ouf comme idée, je lui aurais bien dit !] où elle fait la connaissance de Felix, un jeune gars souvent en colère qui tente de supporter un job de manutention qui l’épuise. Eileen, malgré des études brillantes, survit dans un job-passion qui la rémunère moins que le SMIC et ne semble même plus l’épanouir. Elle essaie de se remettre d’une rupture amoureuse difficile en jouant dangereusement avec les sentiments de Simon, son meilleur ami depuis qu’elle a quinze ans.
Je ne vais pas vous mentir, ce roman m’a foutu le cafard pendant quasi toute sa lecture même s’il est [un peu] porteur d’espoir sur la fin. On accompagne ces quatre personnes dans leurs interactions chargées de non-dits, d’incompréhension mutuelle et d’auto-dépréciation. Est-ce parce que je me suis trop reconnue dans ces personnages que j’avais souvent envie de baffer ? Peut-être. Toujours est-il que là non plus, la lecture ne fut pas une partie de plaisir. J’ai même allègrement sauté certains courriels que je trouvais trop artificiels : c’est-à-dire, uniquement présents pour que l’autrice puisse développer sa propre pensée politique, mais peu crédibles sur le plan romanesque. Franchement, qui envoie ce genre de courriels à ses potes ?! Un vocal de quinze minutes, à la rigueur [certaines se reconnaîtront], mais alors le style aurait été quelque peu différent. Bref, je recherchais une petite romance entre intellos du milieu littéraire, facile à lire mais pas trop superficielle et j’ai été déçue. Je ne suis pas fan de cette littérature qui se prend trop au sérieux tout en te essayant de se faire passer pour de la littérature divertissante : si je veux lire un essai, je choisis un essai, pas un roman contemporain qui se présente comme une romance.
Par contre, rendons honneur à Sally Rooney sur le fait qu’elle sait particulièrement bien décrire le désir féminin et proposer des scènes de sexe très ancrées dans le réel [par contre, Sally, la capote, ça serait pas mal qu’elle soit un peu plus automatique, hein !].
De retour à Bruxelles
Les couleurs de nos souvenirs de Michel Pastoureau
Dans cet essai autobiographique, l’historien des couleurs nous raconte différentes anecdotes de sa vie au cours desquelles, les couleurs ont eu de l’importance. Du souvenir du gilet jaune d’André Breton, alors ami de son père, au choix du bleu marine de son premier costume d’écolier en passant par le refus d’un vélo parce que de couleur jaune, il nous explique quelle signification il donnait à chacune de ces couleurs. Il a également découpé son ouvrage en différents chapitres : vêtements, arts et lettres, sciences, … et nous raconte l’histoire de différentes couleurs ou objets de couleur dans ces domaines, qui l’ont touché de près ou de loin.
C’est un ouvrage intéressant. L’auteur fait preuve d’un certain humour [mais, parfois, il peut avoir des réflexions un peu réac – notamment, sur l’écriture inclusive]. J’ai aimé picorer ce livre tout au long de mes trajets en tram ou en train et je suis curieuse de lire les ouvrages que l’auteur a consacré à chaque couleur séparément. J’ai déjà Le Bleu qui m’attend dans ma PAL.
État des lieux de Déborah Levy
Dans ce troisième volume de sa trilogie autobiographique, Déborah Levy nous raconte des moments de sa vie d’autrice, à travers sa vie londonienne et ses voyages à New York, Mumbay, Paris ou encore Berlin. Des discussions avec ses ami·es, ses interprètes ou ses traductrices, des anecdotes de voyage, … Bref, différents moments qui lui permettent de développer les questions de la solitude, de sa peur de finir seule, de ses interrogations sur la manière d’aborder création littéraire ou encore celle du deuil. Le tout ponctué de citations ou de réflexions à propos de ses lectures de grandes figures de la littérature [Woolf, Ernaux, Tragore, Duras, …].
Encore une fois, ce fut un plaisir de la suivre dans ses réflexions !
Et toi, t’as lu quoi de beau cet été ?!
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