Moi, Jean Gabin de Goliarda Sapienza
En janvier, c’est Goliarda Sapienza qui a été désignée “sorcière du mois” par le sort. Ça tombe bien, j’avais justement Moi, Jean Gabin dans ma PAL, enfin une occasion de participer au RDV orchestré par Aline !
Résumé
Goliarda, enfant, est une grande fan de Jean Gabin dont elle va voir tous les films au cinéma, dès leur sortie. Elle s’imagine alors sa propre vie si elle pouvait, elle aussi, vivre comme lui.
Ce que j’en ai pensé ?!
Chez moi, tout le monde avait toujours tant à faire. Tant et tant qu’on était contraint soi-même aussi de s’inventer mille choses à trafiquer, à mener à bien, lire, jouer, parce que jouer et imaginer étaient aussi considérés, chez moi, comme un “faire”.
Ce roman autobiographique est très différent de L’Art de la joie ou de Rendez-vous à Positano, qui sont deux de ses ouvrages que j’avais beaucoup aimés. Ici, l’autrice nous replonge dans l’esprit de la petite fille qu’elle était alors : fantasque, aventurière, préférant l’école de la vie à l’école tout court. Le ton du roman est donc résolument différent : plus drôle, parfois absurde et souvent révolté. La petite fille n’aime pas qu’on lui rappelle qu’elle est une gamine : elle se pense d’abord brigand au grand cœur, toujours prompt à défendre de belles dames en détresse.
J’ai trouvé le roman assez décousu : on la suit durant plusieurs jours, autour de la sortie d’un nouveau film de Jean Gabin, Quai des brumes. On l’accompagne à la fois au cinéma mais aussi à travers son périple chez ses oncles et autres artisans du quartier, pour gagner l’argent qui lui permettra de retourner au cinéma.
Chaque rencontre est l’occasion de faire le portrait de ses interlocuteurs et interlocutrices, mais aussi, et surtout, des opinions de celleux-ci avec la compréhension qu’en a une enfant de cet âge. Alors, souvent, il faut s’accrocher un peu pour saisir où elle veut en venir. Cela donne parfois lieu à des dialogues ou des réflexions truculentes qui m’ont fait sourire.
Par moments, on la suit également dans ses délires enfantins où elle s’imagine tour à tour dans la peau de Jean Gabin ou accompagnée de celui-ci, vivant ou rêvant les mêmes aventures que celles qu’elle a vues sur le grand écran.
Toutes ces anecdotes sont l’occasion pour l’autrice de faire circuler ses opinions politiques, par le biais de l’humour ou de l’absurde. Elle critique notamment allègrement les fascistes et donne quelques exemples de sa vision de ce que devrait être la vie d’une femme, loin des obligations du foyer marital. Elle remet aussi très souvent en avant les pauvres, les artisans, etc. qui parviennent, par la force de leur travail ou de leur ingéniosité, à se créer une vie pas trop misérable. A l’opposé des opportunistes qui fricotent avec les fascistes.
Elle donne une description très fantasmée de la ville de Catane, qu’à la fois elle peut enlaidir pour en faire une ville sale, puante et infestée de personnes peu fréquentables ou qu’elle embellit, à coup de descriptions ensoleillées.
Ce n’était donc pas ma meilleure lecture de l’autrice mais une sympathique découverte qui m’aura emmenée sous le soleil de Sicile pour quelques heures.
Infos pratiques
- Titre : Moi, Jean Gabin
- Autrice : Goliarda Sapienza
- Traductrice : Nathalie Castagné
- Édition : Le Tripode, 2012
- Genre : autobiographique
- Nombre de pages : 176 pages
- Challenges / rendez-vous littéraires : les sorcières de la littérature – En sortir 24 en 2024
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