Un don de Toni Morrison
Culture,  Lecture

Un don de Toni Morrison

Pour le fantastique classique de juillet, il fallait lire de la littérature noire américaine. Ça tombait bien, plusieurs romans de Toni Morrison m’attendaient sagement dans ma PAL dont le très court Un don.

Tu peux penser que ce que je te dis est une confession, si tu veux, mais c’est une confession pleine de ces curiosités qui ne sont familières que dans les rêves et durant ces moments où le profil d’un chien se dessine dans le plumet de vapeur s’élevant d’une bouilloire.

Dans ce récit polyphonique, l’autrice nous propose l’histoire d’une drôle de famille : celle du fermier et marchand Jacob, de son épouse Rebekka et des trois femmes qu’il a recueillies ou achetées pour travailler sur son domaine [Lina, l’Indienne ; Sorrow, la blanche et Florens, une petite esclave noire qu’il reçoit en paiement d’une dette lors d’un voyage].

Le récit débute avec Florens qui s’adresse à ce qui est pour nous un inconnu que sa maîtresse lui a demandé d’aller chercher malgré les dangers que représente ce type de voyage pour une adolescente noire dans cette Amérique encore très sauvage du XVIIe siècle.

Les chapitres de cette adresse sont entrecoupés de flashbacks qui nous expliquent comment Florens est entrée au service de Jacob et Rebekka et comment cette drôle de tribu s’est organisée au fil des années.

Ce roman est à la fois une critique de la religion et de l’ignorance d’un grand nombre de ses adeptes ; de la colonisation et de la traite des esclaves mais aussi de la violence des hommes et de l’appât du gain.

Mais c’est surtout une ode à la sororité : celle qui lie Rebekka et Lina, toutes deux adolescentes lorsqu’elles débarquent sur le domaine de Jacob et qui vont devenir amies par la force des choses ; mais aussi celle des trois servantes malgré leurs différences d’âges et de cultures. Bien sûr, des rivalités apparaissent, essentiellement au moment des maternités car toutes ne peuvent pas enfanter comme elles le souhaiteraient, mais l’entraide finit toujours par prendre le dessus.

Un don, c’est aussi un roman de la découverte de soi, de son intimité, de ses désirs, de l’amour et de l’animalité qui peut se tapir en nous.

Ce n’est pas mon roman préféré de l’autrice. J’ai parfois été perdue dans sa structure tout en tours et en détours. Je suis restée assez hermétique aux personnages. J’ai néanmoins apprécié découvrir cette tribu pour le moins atypique.

Mais si vous n’avez pas encore lu de Toni Morrison, je vous conseille plutôt Beloved ou L’œil le plus bleu. Et je remarque que je n’avais pas chroniqué ces deux romans car c’est toujours très difficile de parler des œuvres de Toni Morrison [en tous cas, pour moi].

Infos pratiques

  • Titre : Un don
  • Autrice : Toni Morrison
  • Traductrice : Anne Wicke
  • Édition : 10/18, 2008
  • Nombre de pages : 193 pages
  • Challenge : Les classiques, c’est fantastique – Saison 4

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