Ressac de Diglee
Dans Ressac, Diglee nous emmène avec elle pour quelques jours hors du temps, à l’occasion d’une retraite hivernale dans une abbaye de la cote bretonne.
Je laisse les rails qui défilent broyer mon angoisse. Le train n’exige rien de moi. Il ne me demande rien d’autre que d’être assise et échappée du monde. En échappant au lieu, j’échappe au temps et je me raccroche à la poésie.
C’est l’occasion pour elle de s’éloigner des écrans et de se retrouver pour tenter de démêler les sentiments qui l’étreignent concernant la maladie de son beau-père et son couple qui semble traverser une crise.
Elle nous invite à la suivre lors de ses promenades le long des plages détrempées, emmenant avec elle le son du ressac et le goût du sel. Elle nous fait rencontrer les femmes qui vont croiser son chemin au cours de cette retraite : étranges jeux de miroir tout au long du séjour.
Je me laisse envahir par l’océan, contemplative, silencieuse. Heureuse d’être seule, de n’avoir pas à parler, de n’avoir à faire aucun compromis, de demeurer là, immobile, aussi longtemps que je le souhaite.
Dans Ressac, il est question de sororité, de partage et d’écoute. Mais il est surtout question de deuil : celui d’un être aimé dont le corps, certes cassé, est toujours là mais dont l’esprit a été avalé par la maladie ; celui de l’enfance et des lieux qui l’ont construite ; celui d’une certaine vision de l’amour et de la passion amoureuse, aussi. Évidemment, ce texte a énormément résonné avec ma propre expérience [et pas juste parce que je le lisais sur la plage]. Comme celui d’Anne Pauly, il est venu mettre des mots sur les douleurs que je ne savais pas exprimer. Il permet de comprendre que ce que l’on ressent est assez universel.
Tout au long du texte, l’autrice raconte également son processus de création. Comment elle s’installe pour écrire ou peindre, ce qu’elle ressent le besoin de partager ou de garder pour elle, etc. Encore une fois, elle me donne envie de (re)prendre le chemin de l’écriture, d’investiguer les brèches de mon propre passé pour tenter d’avancer.
J’ai senti que ma soif, mon vide, ce vide que j’attribuais au manque de passion pouvait être comblé par autre chose. Qu’il ne réclamait pas nécessairement l’Autre. Il réclamait une passion tout court, qui pouvait prendre la forme de l’art de l’échange intellectuel, de l’apprentissage. La création comme passion nourricière.
Et puis, surtout, elle m’a fait prendre conscience que ce que je cherche pour le moment n’est pas forcément ce derrière quoi je cours depuis des semaines… Qu’il est peut-être temps de lâcher du leste sur ce point pour me consacrer à ce qui est vraiment important : mes proches et la création. Le reste viendra peut-être ou ne viendra pas, qu’importe.
Infos pratiques
- Titre : Ressac
- Autrice : Diglee
- Édition : Points, 2022
- Nombre de pages : 168 pages
- Genre : récit, autofiction
2 commentaires
mespagesversicolores
Un petit bonbon de douceur…
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