Journal amoureux de Benoîte Groulte et Paul Guimard
Benoîte Groulte (autrice) et Paul Guimard (auteur et journaliste) ont été en couple de 1951 à 2004, année du décès de Paul.
Le Journal amoureux est un journal à 4 mains écrits de 1951 à 1953. Il aurait été débuté à l’initiative de Paul qui espérait, par ce biais, encourager Benoîte à prendre confiance dans ses qualités d’écriture. Malgré que ce soit l’initiative de Paul, c’est Benoîte qui est la plus assidue dans l’exercice, censé être quotidien. Au début de l’aventure, chacun écrit son journal de son côté, sans rien lire de la partie de l’autre mais rapidement la curiosité va avoir raison de leurs scrupules. On a donc parfois des passages qui se répondent l’un l’autre, comme si on assistait à l’une de leurs conversations.
Benoîte et Paul sont ici un tout jeune couple : ils ne sont d’ailleurs pas encore mariés dans la première partie. Vu le titre, je m’attendais donc à ce que le thème amoureux soit beaucoup plus présent. Or, la plupart du temps, lorsqu’ils parlent l’un de l’autre, c’est surtout pour partager des reproches. Assez peu pour déclarer leur amour ou pour partager des jolis moments en amoureux.
Paul revient plusieurs fois sur l’idée qu’ils vivent un amour heureux et qu’il n’y a donc rien à raconter dans ce journal [n’écrit-on que sur le mal amoureux ?]. Pourtant, on sent déjà poindre une certaine lassitude de la vie quotidienne, familiale, dans ces pages.
Le sujet qui revient le plus régulièrement est leur aménagement de la maison qu’ils ont acheté à la campagne, à Valmondois. Benoîte se lance à corps perdu dans le jardinage et la domestication des mauvaises herbes sous l’œil plutôt moqueur de Paul, qui participe assez peu. Il y a également quelques pages truculentes où ils critiquent les Parisiens qui viennent envahir la campagne [ce qui est aussi leur cas]… On pourrait croire que ces pages ont été écrites il y a quelques mois et pas il y a 70 ans !
Ce qui m’a le plus intéressée dans ce journal, ce sont les petites saillies féministes de Benoîte qui se plaint beaucoup de l’inégalité dans la charge des tâches domestiques entre hommes et femmes. Elle dit déjà que les femmes se sont faites avoir car elles ont maintenant une double journée [travail + vie domestique] tandis que les hommes sont déjà bien fiers quand ils ont aidé à faire la vaisselle. C’est intéressant de voir les réflexions qu’elle pouvait déjà se faire à l’époque, même si son engagement féministe fut plus tardif. Elle évoque également les questions de l’avortement et de l’euthanasie.
Je n’ai donc pas trouvé ce que je pensais lire dans ce journal amoureux. D’ailleurs, si ce n’avait pas été pour le challenge, je l’aurais bien vite abandonné.
Et alors mention spéciale “On ne peut plus rien dire” dans la préface réalisée par la fille de Benoîte, Blandine de Caunes.
Journal amoureux de Benoîte Groulte et Paul Guimard, Éditions Stock, 2021, 250 pages
Chez les copinautes : Moka, Fanny,
10 commentaires
L'ourse bibliophile
Tant pis pour cette petite déception. J’avoue que, à part à la rigueur pour les premières remarques féministes de Benoîte Groult, tu ne me donnes guère envie de le lire. ^^
Maghily
Franchement, je ne vois pas vraiment l’intérêt de cette publication…
Elle aurait très bien pu rester dans les archives familiales.
L'ourse bibliophile
Il n’aurait peut-être jamais été publié sans des noms connus sur la couverture. ^^
Ping :
Ping :
Ping :
Ping :
mespagesversicolores
Je ne connaissais pas mais je ne perds pas grand chose apparemment
Alice
Dommage que tu as fait mauvaise pioche. Les correspondances, c’est glissant, encore faut-il qu’il y ait des choses intéressantes à y trouver au-delà d’une simple intimité.
Maghily
Heureusement qu’il n’était pas trop long 😉
Après, j’ai aimé l’idée du journal croisé.