La Maison aux esprits
Lecture

La Maison aux esprits d’Isabel Allende

Jamais je ne l’aurais cru au moment où j’ai tourné ses premières pages mais ce fantastique classique qu’est La Maison aux esprits d’Isabel Allende m’aura finalement accompagnée jusqu’au tout dernier jour du mois d’août. Alors, encore une fois, je tords un peu la notion de classique pour ce titre car j’étais persuadée que la grande dame n’était plus de ce monde [raté, elle a fêté son anniversaire pendant ma lecture… #oups] et que ce roman avait été écrit bien plus tôt que cela… Un jour, promis, je vérifierais mes infos au moment de faire mes piles ! 😉

Résumé

Dans cette saga familiale, nous suivons la vie d’Esteban Trueba, un homme au départ sans le sou, et de sa tribu sur environ 70 ans. Nous le voyons construire doucement son empire, exempt de tous scrupules pour arriver à ses fins.

Ce que j’en ai pensé ?!

Cette nuit-là, je crus que j’avais définitivement perdu la faculté de tomber amoureux, que jamais plus je ne retrouverais le goût de rire ou de poursuivre une illusion. Mais plus jamais, ça fait beaucoup de temps. J’ai pu le vérifier tout au cours de cette longue vie.

Dès le départ, que ce soit par l’ambiance, la flopée de personnages qui portent tous le même nom ou le côté réalisme magique amené par les croyances de certains personnages, La Maison aux esprits m’a fait penser à Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez.

Difficile pour moi de vous dire ce que j’ai pensé de ce roman, tellement je l’ai trainé longtemps. Non pas qu’il ne me plaisait pas mais j’avais toujours mieux à faire que de me plonger dedans. Surtout que je dois bien avouer que j’ai nettement moins accroché au début du roman qu’à la fin : l’époque trop ancienne, que je ne parvenais pas tout à fait à situer mettait un certain frein à mon intérêt. De même que le fait de ne pas trop savoir où se plaçait l’intrigue même si on peut supposer qu’il s’agit du Chili. J’ai nettement préféré la période où l’on suivait les aventures d’Alba, la petite-fille d’Esteban, jeune idéaliste qui s’entiche d’un opposant au régime en place.

Côté forme, la majorité du roman est écrit à la troisième personne du singulier mais de temps en temps, des passages sont écrits à la première personne du singulier, avec un “je” représentant Esteban. On comprend le choix de cette forme dans les derniers chapitres du roman.

J’ai beaucoup aimé la plume d’Isabel Allende, très poétique parfois, avec souvent une pointe d’humour et d’ironie pour se moquer doucement des personnages qu’elle présente, principalement d’Esteban qui, il faut bien le dire, est un sombre conn*rd ! Par le biais de celui-ci, l’autrice dénonce un grand nombre d’exactions que se permettent les puissants que ce soit en Amérique du Sud ou ailleurs : le droit de cuissage du patron sur toutes les jeunes paysannes qui passent à sa portée, son aversion pour “ses paysans” alors qu’il a lui-même connu la pauvreté, les complaisances de la droite envers le fascisme pour éviter que la gauche ne (re)vienne au pouvoir [tiens donc, ça vous rappelle rien ça ?!], …

Ils se dirent que la disparition de la démocratie ne serait que transitoire et que l’on pouvait fort bien vivre un certain temps sans libertés individuelles ou collectives, tant que le régime respectait la liberté d’entreprendre.

Et aux côtés de cet homme imbu de lui-même qui se croit tout puissant, on comprend que celles qui tiennent la famille [et le pays] à bouts de bras, ce sont les femmes. Elles ont beau toutes être quelque peu fantasques, elles s’entraident, tentent de redistribuer les richesses mal acquises, et contribuent à rendre la famille humainement fréquentable. Elles sont également la mémoire non seulement de la famille mais de tout un pays.

Vaincu par la vague des temps nouveaux, il avait fini par se plier à l’idée qu’un petit nombre de femmes n’étaient pas tout à fait idiotes et il se disait qu’Alba, trop insignifiante pour attirer un bon parti, était capable d’apprendre un métier et de finir par gagner sa vie à l’égal d’un homme. Sur ce point, Blanca approuvait son père, car elle avait vérifié à ses dépens les effets d’une mauvaise formation scolaire au seuil de l’existence.

La Maison aux esprits un roman que j’ai trouvé résolument féministe et engagé qui nous montre l’évolution d’un homme qui finira par être ébranlé dans ses certitudes face à l’évolution de son pays.

Je compte bien continuer à découvrir l’œuvre d’Isabel Allende car cette première incursion dans son univers m’a beaucoup plu.

Infos pratiques

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