Les Anges et tous les Saints de J. Courtney Sullivan

J’ai eu envie de commencer l’année 2021 avec une valeur sûre, raison pour laquelle j’ai choisi Les Anges et tous les saints de J. Courtney Sullivan. Cette autrice, je l’ai découverte peu après mes études avec Les Débutantes mais mon roman préféré de sa bibliographie reste, actuellement, Les Liens du mariage. Ce que j’aime chez elle, c’est qu’elle nous raconte toujours des destins de femmes, relativement ordinaires, et nous amène à réfléchir sur leurs choix de vie, mais aussi, indirectement, sur les nôtres. Du moins, c’est généralement le cas pour moi…

Résumé

1957. Nora, 21 ans et Theresa, 17 ans, quittent ensemble leur Irlande natale pour rejoindre Charlie, le fiancé de Nora, fraichement installé à Boston. Elles laissent derrière elles leur père, leur frère et leur grand-mère avec la certitude de ne jamais les revoir. Peu de temps après leur arrivée, les deux jeunes femmes doivent prendre une décision qui va marquer leur vie à jamais.

2009. Des funérailles amènent Nora et Theresa à se revoir après des années de silence. C’est l’occasion pour elles de faire le point sur leur vie actuelle et sur tous les événements qui les ont menées jusque là.

Ce que j’en ai pensé ?!

Encore une fois, j’ai passé un très bon moment avec ce roman de J. Courtney Sullivan. Je vais essayer de ne pas trop vous en dire sur l’intrigue car je trouve que trop en savoir dès le début altèrerait votre plaisir de lecture. De mon côté, je n’avais absolument pas entendu parler de ce roman, donc je l’ai commencé vierge de tout apriori.

Nora et Theresa sont très différentes. Étant l’ainée, Nora a très tôt joué le rôle de mère pour sa jeune sœur puisqu’elles sont devenues orphelines alors qu’elles étaient enfants. Nora a donc toujours dû être responsable, un peu autoritaire, celle qui protégeait, consolait et mettait ses besoins de côté pour répondre à ceux de sa famille. Je me suis beaucoup attachée à sa version jeune mais j’ai eu beaucoup plus de difficultés à accepter les défauts de sa version 2009. Theresa, quant à elle, a toujours été vive, pétillante, celle à qui on promettait un brillant avenir, pour peu qu’elle ait les moyens financiers de suivre des études.

Theresa n’était pas vraiment méchante, même si elle pouvait l’être. Elle était simplement la “plus”. La plus courageuse, la plus belle, la plus effrontée, la plus intelligente. Et même la plus pieuse, à sa manière. Enfant, elle avait mémorisé la vie des saints. Maintenant, elle jouait les aguicheuses, consacrant aux garçons de Miltown Malbay toute l’attention qu’elle avait jadis dévouée aux martyrs.

P.32

J’aime toujours la plume de l’autrice qui est très fluide, sans fioritures, mais qui possède cette petite touche d’ironie qui me plaît beaucoup. Et sa grande force, c’est de toujours parvenir à nous embarquer avec ses personnages, nous donner l’impression de vivre au milieu d’eux, de les connaître comme de vieux amis.

Ce roman raconte l’émigration : le déchirement de la traversée, l’arrivée dans un pays aux mœurs bien différentes des vôtres, la nécessité d’intégrer une nouvelle communauté, de nouveaux codes, … Et puis, plus tard, la difficulté de jongler avec la double culture qu’auront acquise vos enfants. Les voir grandir en Américains, ne comprenant pas toujours vos réalités, si différentes des leurs.

Il évoque également la manière dont une relation de couple peut se construire quand l’amour n’est pas présent dès le départ. Comment se tisse une relation entre des parents et leurs enfants : il est question de maternité, de paternité, mais aussi d’adoption. Il parle aussi de l’importance de connaître ou non ses racines [de ce point de vue, je trouve que le sujet aurait pu être creusé davantage].

Il y est aussi énormément question de religion puisque Nora et Theresa ont été élevées selon une éducation catholique très stricte. Cela va parfois être un frein dans leur compréhension des générations futures…

A mes yeux, ce n’est pas le roman le plus abouti de l’autrice : certains sujets auraient mérité d’être plus fouillés, d’autres un peu moins présents. Néanmoins, j’ai vraiment passé un bon moment avec cette première lecture de 2021.

Infos pratiques

• Autrice : J. Courtney Sullivan
• Titre : Les Anges et tous les saints
• Traductrice : Sophie Troff
• Édition : Le Livre de poche, 2020
• Nombre de pages : 545 pages.
• Genre : contemporain, saga familiale
• Challenge : 21 livres qui doivent quitter ma PAL en 2021