Culture,  Lecture

Des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes

Quel casse-tête ce fut de décider le livre que j’allais lire ce mois-ci dans le cadre du challenge de Fanny et Moka, Les classiques, c’est fantastique !

Je ne suis pas une grande fan de SF même si j’en lis de temps en temps. Et j’avais déjà lu tous ceux qui revenaient le plus souvent en tête des listes sur les meilleurs classiques de la SF : 1984 (évidemment, voir la chronique de Fanny), Le Meilleur des mondes ou encore Fahrenheit 451. Finalement, j’ai jeté mon dévolu sur Des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes (comme Moka).

Résumé

Charlie Gordon, 32 ans, est un attardé. Il fait le ménage dans la boulangerie d’un ami de son oncle et suit les cours alphabétisation de Mme Kinnian. Le grand rêve de Charlie, c’est de devenir “un télijant” pour regagner l’amour de sa mère. Alors, quand le professeur Nemur lui propose de participer à une expérimentation qui devrait faire de lui un génie, il ne se fait pas prier !

Ce que j’en ai pensé ?!

L’originalité de ce roman vient premièrement de son mode de narration. Nous suivons l’histoire de Charlie par l’intermédiaire des comptes rendus qu’il doit écrire tout au long de l’expérimentation, afin de témoigner de son évolution. Les premiers “conte randu” sont écrits avant même que l’opération n’ait eu lieu et illustrent parfaitement son niveau intellectuel très bas : le vocabulaire est simpliste, les pages truffées de fautes d’orthographe et de syntaxe. C’est tout juste s’il ne faut pas les lire à voix haute pour les rendre intelligibles. Puis, au fur et à mesure que le niveau intellectuel de Charlie augmente, son style suit le même mouvement : le vocabulaire s’enrichit, son orthographe et sa syntaxe deviennent irréprochables, … On peut même dire qu’il devient un peu ampoulé. L’auteur a donc rudement bien mené son exercice formel.

3 mars. Le Dr Strauss dit que je devrez écrire tout ce que je panse et que je me rapèle et tout ce qui marive à partir de mintenan. Je sait pas pourquoi mais il dit que ces un portan pour qu’ils voie si ils peuve mutilisé. J’espaire qu’ils mutiliserons pas que Miss Kinnian dit qu’ils peuve peut être me rendre un télijan.

Mais, ce qui est surtout intéressant, je trouve, dans ce roman : c’est de voir l’évolution du caractère de Charlie et de ses relations sociales, au fur et à mesure qu’il devient plus intelligent. Initialement, c’est un garçon très doux, calme, qui cherche à se faire aimer de tout le monde (et il y arrive plutôt bien). Il semble relativement heureux, peu conscient de sa condition et des moqueries qu’elle peut susciter. Puis, son caractère va changer, au fur et à mesure que sa conception du monde s’aiguise. Est-ce forcément pour un mieux ? Pas sûre…

Des tensions vont apparaître, peu à peu, avec l’équipe de scientifiques qui travaille avec lui. Il ne supporte pas de ne pas être considéré comme un être humain [ce qui s’entend] et semble aller de désillusion en désillusion. Il s’attache alors à vouloir avancer par lui-même sur les travaux dont il est l’objet.

J’étais venu là comme un élément faisant partie d’une communication scientifique et je m’attendais à être donné en spectacle, mais tout le monde continuait à parler de moi comme si j’étais une sorte d’objet nouvellement créé qu’on présentait au monde scientifique. Personne dans cette salle ne me considérait comme un être humain. La constante juxtaposition « Algernon et Charlie », « Charlie et Algernon » montrait clairement qu’ils nous considéraient tous les deux comme une paire d’animaux d’expérience, sans aucune existence en dehors du laboratoire. Mais, mon sentiment de colère mis à part, je ne pouvais m’empêcher de penser que quelque chose clochait

Un autre problème auquel Charlie doit se confronter, c’est son niveau d’intelligence émotionnelle qui ne croît pas aussi rapidement que son intellect. Concrètement, il dépasse à peine les connaissances d’un petit garçon, voire d’un adolescent, sur ces points. Ce qui peut amener à des situations pour le moins cocasses…

Et qui est Algernon, me direz-vous ?! Il s’agit de la souris de laboratoire sur laquelle les scientifiques travaillaient avant de proposer l’expérience à un humain. Une curieuse relation va se nouer entre les deux cobayes.

J’ai beaucoup aimé Des fleurs pour Algernon ! Ce roman pose énormément de questions sur le plan de l’éthique, du sens de la vie, de ce à quoi nous accordons de l’importance, du regard que nous portons sur les autres. C’est passionnant, déroutant et surtout, bouleversant ! Je me suis beaucoup attachée à l’une des versions de Charlie, comme beaucoup d’autres lecteur⋅ices, je pense.

Infos pratiques

  • Auteur : Daniel Keyes
  • Titre : Des Fleurs pour Algernon
  • Traducteur : Georges H. Gallet
  • Édition : J’ai lu, 1976
  • Nombre de pages : 311 pages
  • Genre : science fiction
  • Challenge : Les classiques, c’est fantastique

 

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