Derrière la porte de Sarah Waters
En ce mois de juin, j’ai farfouillé dans ma PAL pour trouver un roman qui me permettrait de participer au mois des fiertés et j’en ai sorti Derrière la porte de Sarah Waters.
Résumé
Banlieue de Londres, 1922. Frances a 26 ans et vit seule avec sa mère depuis que ses deux frères et sont décédés pendant la guerre. Les deux femmes doivent se résoudre à prendre des locataires car elles ne savent plus supporter les charges de leur grande maison.
Viennent alors s’y installer Léonard et Lilian Barber, un jeune couple de classe moyenne. Peu à peu, une relation s’installe entre Frances et Lilian, mais un drame vient contre-carrer leurs plans.
Ce que j’en ai pensé ?!
Tout d’abord, j’ai trouvé ça très désagréable que Frances soit constamment qualifiée de vieille fille alors qu’elle n’a que 26 ans. Je suis consciente que c’était l’opinion de l’époque mais c’est peu agréable à lire 🙄
Trêve de plaisanterie, ce roman débute comme un roman d’ambiance : sur près de 350 pages, l’autrice fait lentement monter la tension dans la relation entre les personnages. Pour nous rendre compte de l’ennui profond qu’est devenue la vie de Frances, elle nous décrit régulièrement les habitudes ménagères de la jeune femme, ses discussions tendues avec sa mère, etc. Elle crée également un climat de tension autour de la figure de Léonard, nous faisant comprendre qu’il y a quelque chose qui cloche avec lui, sans que nous ne puissions comprendre exactement quoi. Puis, d’un coup, le drame arrive et nous basculons dans le roman policier : l’enquête, les interrogatoires, le procès [encore un], etc. La seconde partie du roman est beaucoup plus rapide, même si je lui ai encore trouvé quelques longueurs.
Tout le roman est écrit à le 3e personne du singulier, mais en suivant uniquement le point de vue de Frances. Dès lors, nous la découvrons sous toutes les coutures : que ce soit au niveau de ses pensées ou de ses activités. De même, dans les relations qui s’instaurent, nous n’avons accès qu’à ses ressentis et ses sentiments à elle. Très vite, nous comprenons que derrière ses allures de “vieille fille” guindée se cache une jeune femme passionnée à qui la vie a coupé les ailes. Elle vit en marge de la société et ne souhaite en aucun cas rejoindre le carcan dans laquelle sa mère voudrait la faire entrer. De ce côté-là, c’est un personnage assez intéressant. Par contre, ce qu’elle peut être pénible dans ses atermoiements ! J’ai eu envie de la secouer à plusieurs reprises.
Le personnage de Lilian est plus troublant : nous ne la voyons qu’à travers le prisme de Frances et il est donc impossible d’avoir accès à ses pensées…
Sarah Waters est connue pour ses romans d’amour lesbien. Ici encore, elle ne déroge pas à la règle et nous propose des scènes de sexe comme l’on en croise rarement [en tous cas, personnellement, j’en ai rarement croisé dans la littérature contemporaine francophone ou anglophone]. Elle aborde d’autres sujets qui peuvent être tabous dans ce roman tels que “le respect du devoir conjugal”, l’avortement, le choix ou non du père dans ces actes, le jugement de la société envers les femmes qui perdent un enfant. Il décrit aussi largement la manière dont se passe un procès et le caractère très partial du public et des enquêteurs. J’ai beaucoup aimé la manière dont elle amène les différents éléments et fait monter la tension. Pour tout cela, c’est un roman important. Mais, je pense qu’il aurait mérité quelques coupures pour le rendre plus attrayant car je me suis parfois ennuyée.
J’ai lu que Derrière la porte n’était pas son meilleur roman, je pense donc en essayer d’autres. Si vous en avez un en particulier, à me conseiller, n’hésitez pas ! 😉
Informations pratiques
- Autrice : Sarah Waters
- Titre : Derrière la porte
- Traducteur : Alain Defossé
- Édition : 10/18, 2016
- Année de publication : 2014
- Nombre de pages : 717 pages
- Genre : historique, romance
- D’autres avis sur ce roman : Les livres de George, Histoiresdenlire
5 commentaires
mespagesversicolores
Le seul roman que j’ai lu d’elle est Du bout des doigts qui m’était tombé des mains… je pense que c’était un problème de traduction. Je sais que beaucoup de lectrices ont adoré.
Maghily
Je note de ne pas le mettre dans mes priorités, du coup ! 😉
Ou de le tenter en anglais, peut-être… A voir 😀
Ma Lecturothèque
Celui que je te conseille vraiment, c’est “Caresser le velours” ; le début peut sembler long car ça parle d’huîtres et, n’aimant pas ça, bah… Mais pour le reste, j’ai failli passé bien des nuits blanches et j’ai dû me raisonner pour dormir un peu ^^’
Maghily
Hahaha, merci d’avoir prévenu car ça aurait pu me rebuter aussi, j’aime pas ça non plus… 😀
Caresser le velours revient souvent comme son meilleur : je pense le prendre si je le trouve en librairie.
Ping :