La Curée d’Émile Zola
Début avril, j’ai continué ma plongée dans la saga des Rougon-Macquart, avec La Curée d’Émile Zola et je participais sans le savoir encore au 1er volet du challenge de Moka et Fanny, “Les classiques, c’est fantastique !“
Résumé
Tandis qu’Eugène Rougon gravit les échelons de la société politique parisienne, son frère Aristide décide de le rejoindre à Paris pour tenter d’y faire fortune à sa façon. Devenu Aristide Saccard, il convole en secondes noces avec Renée, une jeune fille de 19 ans dont la fortune lui importe davantage que sa vertu…
Ce que j’en ai pensé ?!
Comme G.R.R. Martin, Zola n’a aucune pitié pour ses personnages… Sachez-le ! Maintenant que ce préambule est posé, nous pouvons commencer cette chronique.
La lecture de La Curée n’a pas été un aussi grand plaisir que celle de La Fortune des Rougon car j’ai été dérangée par certains aspects qui me semblaient peu réalistes. On y voit Saccard faire fortune au moment de la transformation de Paris, à force de magouilles et de spéculations sur les terrains qui sont rachetés par la Ville pour construire les grands boulevards que nous connaissons aujourd’hui. Ces passages où Saccard jongle avec l’argent sont emplis d’un certain lyrisme censé témoigner de la vitesse à laquelle les transactions se sont faites, l’argent passant d’une main à l’autre, sans que l’homme ne contrôle toujours réellement l’état de sa fortune. Son système semble devenir incontrôlable [et ça je veux bien le croire]. Or, j’ai été étonnée de la facilité avec laquelle toutes ces transactions avaient l’air de pouvoir se faire alors même que ses associés étaient conscients que sa fortune était bâtie sur un château de cartes, prêt à s’écrouler.
A côté de ces histoires de gros sous, nous suivons également l’évolution des relations entre les personnages, ce qui est une grande force de ce roman. Sans surprise, il n’y a pas d’amour entre Aristide et Renée : leur union repose sur un accord financier. Chacun vit sa vie de son côté tout en maintenant les apparences d’un couple uni aux yeux de la société pour que cela ne nuise pas à leurs affaires respectives. Si le personnage de Saccard n’apporte aucune surprise [c’est un homme infâme, prêt à tout pour atteindre la fortune à laquelle il prétend avoir droit], celui de Renée est beaucoup plus intéressant. La jeune femme s’épuise lentement dans cette vie mondaine et fastueuse où tout n’est qu’intrigues, rivalités et apparences. Arrivée à la trentaine, elle commence à remarquer le côté vain de cette vie de frivolité. Elle désire vivre autre chose, sans vraiment savoir quoi. Et quand elle prend conscience de ses désirs profonds, ceux-ci lui font honte. Nous allons la suivre dans ses questionnements, tout au long du roman. Le personnage de Maxime est également bien mystérieux, j’imagine qu’on le retrouvera dans d’autres épisodes car j’ai l’impression que nous n’avons eu qu’un aperçu de ce qu’il est vraiment.
J’avoue avoir également sauté quelques paragraphes [ô sacrilège !] lorsque Zola énumère les richesses de la maison de Saccard et, notamment, les nombreuses plantes qui composent leur immense serre. Cela ne me gène pas en temps normal, mais cette fois, je ne parvenais pas à me représenter toutes ces plantes dont les noms exotiques ne me disaient rien.
Vous l’aurez compris, dans La Curée, Zola nous emmène chez les “Grands de ce monde” et lève le voile sur leurs côtés sombres. Il y sera question d’amours adultères voire incestueuses, de trahisons et de coups bas. De dépression, aussi. Et sans étonnement, lorsque l’on est parvenu au sommet, la chute n’en est que plus douloureuse.
Je suis curieuse de suivre la suite saga même si le prochain volet me fait un peu peur. Il s’agit du Ventre de Paris et je crains déjà les longues énumérations sur le contenu des étals…
Informations pratiques
- Auteur : Émile Zola
- Titre : La Curée [Les Rougon-Macquart #2]
- Édition : Le Livre de poche, 1969
- Nombre de pages : 434 pages
- Genre : naturalisme
- Challenge : Les classiques, c’est fantastique ! [oui, je sais, j’avais dit pas de challenge en 2020 mais là, ça s’est fait tout seul ! ;)]
Vous avez lu La Curée [ou Le Ventre de Paris] ? Dites-moi ce que vous en avez pensé !
9 commentaires
mespagesversicolores
Je me demande si je vais lire tous les R. M ou ne me consacrer qu’à ceux qui m’intéresse le plus, Nana, Au bonheur des dames, Germinal… On verra !
J’aime aussi quand Zola parle des Grands, avec tous les défauts et autres..
Maghily
Ce qui compte, c’est d’y prendre plaisir donc si tu n’es pas tentée par tous, autant ne lire que ceux qui t’intéressent.
Je ne pense pas que je me serais lancée dans l’aventure si j’avais pas reçu la collection complète.
Il a toujours cette petite pointe d’ironie qui me fait sourire. 🙂
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Mokamilla
Sans avoir de pitié pour ses personnages, Zola arrive malgré tout à faire en sorte que l’on s’attache à eux ou qu’on les déteste. J’adore ses romans !
Merci pour ta participation, même tardive qui me permet de découvrir ton blog.
(Et puis Pennac dans ses droits du lecteur indique qu’on a le droit de sauter des pages. Alors même si quelques paragraphes n’ont pas bénéficié de ta lecture, tu ne commets pas tant que ça un sacrilège littéraire, sache-le.)
Tu seras au RDV pour le classique de mai?
Maghily
Merci pour ton passage par ici. 🙂
Oui, Zola est très fort pour cela !
Haaaa Pennac, heureusement qu’il est là pour nous ramener sur le voie de la sagesse. 😉
Oui, mon cœur balance encore entre les deux côtés de l’Atlantique mais je serai au rendez-vous en mai.
Mokamilla
Excellente nouvelle !
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