Mettre des femmes à l’honneur pour ce 8 mars 2020
8 mars 2020 : en cette journée internationale de lutte pour le droit des femmes, j’ai eu envie de vous présenter quelques livres lus ou non lus qui ornent les étagères de ma bibliothèque et qui participent, de près ou de loin à construire une société plus féministe. J’aurais pu en sélectionner encore beaucoup d’autres : j’ai éliminé les plus connus [Despentes, Beauvoir] même si on reste loin des ouvrages ultra-confidentiels dans cette sélection. J’ai également choisi de ne présenter que des ouvrages écrits par des femmes même si d’autres auraient également eu leur place ici comme le merveilleux Choeur des femmes de Martin Winckler.
Des essais
Une chambre à soi de Virginia Woolf : certainement le plus connu de cette sélection. Dans cet ouvrage, qui est la préparation d’une conférence que l’autrice devait donner, elle nous explique en quoi il est important, pour toute femme qui souhaite créer, d’avoir une “chambre à elle”. C’est-à-dire, un espace personnel dans lequel elle peut se retirer afin de réfléchir, se recentrer sur elle-même et s’adonner à ses activités. Cela ne se matérialise pas nécessairement par une une pièce dédiée à la femme, dans la maison [même si, en soi, c’est le plus pratique] mais cela peut être de bénéficier de quelques heures de solitude dans la semaine, par exemple. Elle aborde également la question de l’autonomie financière qui joue un grand rôle dans la capacité de création des femmes. C’est un ouvrage fondateur de la littérature féministe que j’aimerais relire car je n’étais clairement pas dans les meilleures conditions pour le faire la première fois.
Le Mythe de la virilité d’Olivia Gazalé : il fait partie des livres de cette sélection que je n’ai pas encore lus mais qu’il me tarde de découvrir. L’autrice revient sur la création du concept de virilité et ce qu’il implique tant pour les femmes que pour les hommes.
Beauté fatale de Mona Chollet : c’est l’un des premiers essais féministes que j’ai lu, je vous en ai parlé longuement dans cet article. C’était passionnant et cela met au jour les injonctions au sujet de leur corps auxquelles les femmes sont astreintes dans la société actuelle et les conséquences de celles-ci.
On ne nait pas soumise, on le devient de Manon Garcia : second essai que je n’ai pas encore lu mais qui figure parmi les lectures prévues pour #marsauféminin. Vous avez peut-être pu reconnaître le petit clin d’œil à Simone de Beauvoir dans le titre. Manon Garcia va décortiquer le concept de soumission féminine, ce qui promet d’être passionnant !
Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme de bell hooks : cet essai m’a ouverte au concept de féminisme intersectionnel. bell hooks y dénonce notamment l’hypocrisie d’un certain féminisme blanc qui ne défend qu’une partie des femmes et oublie bien souvent ses sœurs de couleur dans ses combats. Elle témoigne aussi du rôle important qu’ont eu les femmes noires dans la lutte pour les droits civiques aux USA et la manière dont leur implication a toujours été minimisée au profit de figures masculines.
J’arrête la pilule de Sabrina Desbuquat : cet essai a eu l’effet d’une bombe lorsque je l’ai lu. L’autrice retrace l’histoire de la création de la pilule [et ça fait froid dans le dos] et met en avant un certain nombre de faits que l’on nous cache depuis des années. Elle nous permet de prendre connaissance des différents modes de contraception, avec leurs avantages et leurs inconvénients, ce qui nous permet de faire notre choix en conscience. C’est parfois à charge, mais terriblement intéressant.
La Politique sexuelle de la viande de Carol J. Adams : cet ouvrage que j’avais malheureusement trouvé un peu daté [il a été publié en français, il y a deux ans mais en réalité, il a été publié il y a 30 ans] aborde deux thématiques qui me sont chères, le féminisme et la lutte contre l’exploitation animale. L’autrice analyse les discours qui ont mené à l’exploitation des femmes et à celle des animaux et fait le parallèle entre les deux. Elle montre à quel point ces deux types d’oppressions sont intrinsèquement liées. Elle s’appuie, par exemple, sur la publicité pour illustrer ses propos. C’est également un ouvrage très intéressant, assez érudit, qui fait figure d’ouvrage fondateur auprès des féministes végés.
Des romans
Le Carnet d’or de Doris Lessing : cet roman majeur dans la bibliographie de Doris Lessing nous raconte l’histoire de femmes qui ont choisi de vivre en femmes libres, à une époque où cet état d’esprit était encore assez mal vu par la société. On y lit leurs questionnements, leurs doutes, etc. C’est un roman très dense qui aborde une multitude de thèmes mais qui a joué un rôle important auprès des femmes lors de sa parution.
Captive de Margaret Atwood : Quand on parle de féminisme et de Margaret Atwood, on pense systématiquement à The Handmaid’s Tale. J’ai choisi Captive car dans ce livre, Margaret Atwood romance un fait divers qui a eu lieu dans les années 1840, celui de la condamnation de Grâce une jeune femme de 16 ans, pour son implication dans le meurtre de son patron et de sa maîtresse. L’ouvrage est intéressant dans le sens où l’on découvre la manière dont on internait les femmes, à cette époque, pour des raisons qui ne se justifiaient pas ainsi que les sévices qu’elles pouvaient subir durant ces internements. C’est également l’occasion d’aborder la question du traitement des maladies mentales. Il y est également question d’avortement, de relations extra-conjugales et de la condamnation de la société face aux femmes qui se trouvaient dans ces situations. C’est l’occasion de prendre conscience de l’évolution de la société sur ces questions mais aussi du fait que tout n’est pas encore réglé.
Dans la forêt de Jean Hegland : ce roman nous raconte l’histoire de deux sœurs, à peine sorties de l’adolescence, qui doivent survivre seules dans la forêt dans un monde qui semble avoir subit une forme d’effondrement. Cela n’est pas à première vue un roman féministe mais la manière dont l’autrice a construit ses personnages, leurs relations et les événements qui les touchent m’a donné envie de l’ajouter à cette sélection. Elle y aborde également le sujet du retour à la nature, ce qui m’a fait penser à la femme sauvage dont parle abondamment Clarissa Pinkola Estès [dont je n’ai toujours pas terminé la lecture de ses Femmes qui courent avec les loups].
Derrière la porte de Sarah Waters : je n’ai pas encore lu ce roman mais je sais qu’il va y être question de relations intimes entre femmes dans les années 1920, ce qui est assez rare dans la littérature pour être mis en avant ici.
L’Art de la joie de Goliarda Sapienza : il s’agit de ma lecture en cours, j’en suis à une petite centaine de pages. Cela raconte l’histoire de Modesta, née en 1900 dans une famille très pauvre, orpheline recueillie par les sœurs, qui va vouloir s’élever au-dessus de sa condition. Je savais que ce roman avait fait polémique à sa sortie et qu’il est un pilier de la littérature féministe. Je commence à comprendre pourquoi : il y est question de pédophilie mais aussi de découverte du désir féminin, dès les premières pages. Je comprends que cela ait pu choquer les esprits les plus obtus…
Des lectures graphiques
Le Féminisme d’Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu : il s’agit ici d’une petite BD de vulgarisation qui explique au grand public le concept de féminisme et les grands moments de son histoire. C’est une bonne entrée en matière pour les novices et un très bel ornement pour la partie féminisme de ma bibliothèque [moi, futile ?!] mais je ne vous le conseille pas spécialement si vous êtes déjà bien renseigné⋅e sur la question.
Culottées de Pénélope Bagieu : on ne présente plus Les Culottées de Pénélope Bagieu mais je prends un tel plaisir à les voir dans ma bibliothèque que je ne pouvais pas ne pas les mentionner ! Pour celles et ceux qui ne connaitraient pas [dans quelle grotte avez-vous vécu ces dernières années ?!], il s’agit d’une série de portrait de femmes issues de différents milieux sociaux, de différentes époques, ayant vécu aux quatre coins du monde et qui ont choisi de se battre pour défendre des causes personnelles ou non. bref, des femmes qui font changer le monde. C’est passionnant, souvent révoltant mais aussi terriblement inspirant ! J’ai vu que cela venait d’être adapté en dessin animé. Une autre raison d’en parler par ici.
Et vous, quels livres avez-vous envie de mettre en avant aujourd’hui ?!
3 commentaires
mespagesversicolores
J’avais mis le Sapienza dans ma wish-list mais je ne me rappelais plus pourquoi… À te lire, je me souviens pourquoi il me tentait !
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