La Nuit des écrivains 2019
Mardi dernier, j’ai assisté à La Nuit des écrivains #3, organisée au Théâtre 140 de Bruxelles par La Première (radio) et PassaPorta. Oui, j’ai pris le temps de digérer un peu cette soirée avant de vous en parler et, surtout, d’écouter la dernière heure en Podcast car je me suis sauvée à minuit [comme une mamie – ou une princesse, c’est vous qui voyez…].
Qu’est-ce que la Nuit des écrivains ?!
Il s’agit d’une émission de radio enregistrée en public, une fois par an et retransmise en direct sur les ondes de La Première [vous pouvez trouver le podcast ici]. Pendant 4h [de 21h à 1h du matin], Myriam Leroy et Pascal Claude ont discuté littérature, mais pas que, avec une jolie brochette d’écrivain⋅es : Caroline Lamarche, Judith Vanistendael, Karim Kattan, Philippe Claudel et Lionel Duroy [Karine Tuil était également censée être de la partie mais a dû annuler].
Au programme :
- des discussions,
- des lectures de textes par les auteur⋅ices et par Isabelle Wery,
- une séance questions/réponses avec les spectateur⋅ices,
- des interventions poético/musicales de Sharko et Sacha Toorop,
- une magnifique prestation de slam par Lisette Lombé que j’ai découverte ce soir-là et qui est une vraie reine ! Son texte était sublime et puissant, tout comme son intervention après sa prestation,
- des illustrations réalisées en direct et diffusées sur écran derrière la scène.
Bref, largement de quoi ne pas s’endormir ! Le tout était entrecoupé, chaque heure, du journal parlé ; ce qui permettait aux fatigué⋅es d’aller retrouver Morphée ou aux petites vessies d’aller se soulager.
Ce que j’ai pensé de cette soirée ?!
Globalement, j’ai passé un excellent début de nuit ! C’est un concept que je n’avais encore jamais eu l’occasion de tester et je réitèrerai l’expérience avec grand plaisir [merci M. pour la découverte !]. Bon, soyons honnête, le professionnalisme des modérateur⋅ice et le choix des écrivain⋅es y sont pour beaucoup [et j’ai un petit côté groupie quand il s’agit de Myriam Leroy mais ça vous le savez déjà !]. Par contre, j’ai moins accroché aux intermèdes musicaux mais ça, c’est davantage une question de goût que de qualité des prestations.
Ce que j’ai aimé dans cette soirée, c’est la variété des sujets abordés. Bien sûr, les écrivain⋅es ont été interrogé⋅es sur leur manière d’écrire [ainsi, nous avons appris que Lionel Duroy trouve souvent l’inspiration sur son vélo et qu’il emmène un enregistreur glissé à sa cheville lors de ses promenades quotidiennes pour ne rien perdre de ses fulgurances, entre deux coups de pédales], sur ce qui leur plaît ou les angoisse dans leur travail ou encore sur la manière dont ils choisissent les sujets à propos desquels ils et elles écrivent. Mais des questions plus générales, personnelles [sous forme d’un questionnaire de Proust revisité] ou sociétales ont aussi été abordées. Ce fut parfois l’occasion de confidences [certains auteurs ont avoué ne pas/plus avoir d’ami⋅e] mais aussi de débats qui ont apporté leur lot de surprises.
Ainsi, j’ai découvert en Karim Kattan [dont je n’avais jamais entendu parler avant cette soirée mais que je compte suivre désormais] un homme ouvert d’esprit, sensible, qui semble très tourné vers les autres et empathique. C’était touchant mais aussi encourageant d’entendre un homme défendre le féminisme sans en avoir l’air, parce que cela lui semble juste normal. C’était d’autant plus agréable en face d’un Philippe Claudel qui m’a semblé enfermé dans ses réflexions de “vieux” mec blanc qui ne supporte plus le “politiquement correct” [#ChocDesGénérations]. A ce moment-là, j’avoue, j’ai regretté un peu d’être là car ces quelques minutes ont sapé la jolie image que j’avais de lui : je le tenais en haute estime après la lecture du bouleversant Rapport de Brodeck. Autant je suis assez d’accord avec ce qu’il peut dire autour de la littérature, autant je pense qu’on ne pourrait pas s’entendre sur les autres aspects de la vie. [#briserlemythe]
J’ai également été assez touchée par la fragilité qui émanait de Judith Vaninstendael qui s’excusait beaucoup de ne pas être d’accord ou de ne pas s’exprimer correctement [pourtant son français est excellent, j’aimerais avoir un aussi bon niveau en néerlandais !] alors qu’elle avait tellement de messages pertinents et importants à faire passer. Une parfaite représentation de ce fameux syndrome de l’imposteur… Là encore, c’est une autrice dont je compte lire l’œuvre prochainement.
S’il y a une chose que je pourrais reprocher à cette soirée, c’est l’inégalité ressentie dans le temps de parole accordé à chacun⋅e. Je me doute que l’exercice ne doit vraiment pas être facile et je trouve que Myriam Leroy et Pascal Claude ont orchestré l’émission d’une main de maître. Mais, à plusieurs reprises, j’ai trouvé qu’on entendait trop Philippe Claudel et Lionel Duroy [qui aime beaucoup parler] et pas assez leurs collègues. Alors, je suppose qu’au-delà de leurs personnalités sans doute plus fortes, c’était également dû à leur statut de “têtes d’affiche” mais cela m’a parfois frustrée.
Quoi qu’il en soit, ce fut une très belle expérience ! Encore chapeau aux animateur⋅ice pour nous avoir fait voyager à travers les mots le temps d’une nuit bien trop courte !
Vous connaissez cette émission ou y avez participé ?! Qu’en pensez-vous ?
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