Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley
Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur l’un des classiques de la science-fiction : Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley.
Résumé
Imaginez un monde où nous serions tous des bébés éprouvettes dont les gènes ont été travaillés pour que notre corps et notre intellect soient parfaitement adaptés à notre futur rôle dans la société… Un monde où la notion de famille n’existe plus et où le fait de vouloir en fonder une pourrait même être considéré comme une déviance. Où un couple ne peut pas rester ensemble plus de quelques nuits avant de devoir se quitter pour “essayer” un nouveau partenaire. Ça ne vous fait pas rêver ?!
Ce que j’en ai pensé ?!
Dans Le Meilleur des mondes, les humains vivent désormais dans une société aseptisée où tout est calculé pour tout fonctionne au mieux, que chacun soit le plus rentable possible mais aussi, heureux de sa condition, quelque soit celle-ci. Pour garder cette cohésion, plus rien n’est laissé au hasard : la nature a perdu ses droits au profit de la science. Et pour être certain que personne ne quitte la bonne voie, on distribue allègrement des petites gellules de Soma qui rendent la vie plus douce…
Cela fait froid dans le dos, n’est-ce pas ?! Et encore, vous n’aviez rien lu ! Dans ce roman, écrit en 1931, l’auteur nous décrit un monde futuriste dont certains éléments se rapprochent dangereusement de ce que nous connaissons aujourd’hui. Dieu a été remplacé par Ford, celui par qui tout a commencé…
Aldous Huxley nous propose une critique assez clairvoyante de notre société capitaliste moderne, présentant un monde où toutes les dérives éthiques sont acceptables pourvu qu’elles permettent d’augmenter la croissance.
L’amour de la nature ne fournit de travail à nulle usine. On décida d’abolir l’amour de la nature, du moins parmi les basses classes, mais non point la tendance à consommer du transport. Car il était essentiel, bien entendu, qu’on continuât à aller à la campagne, même si on avait cela en horreur.
J’ai été étonnée d’y lire une pointe de féminisme dans la dénonciation de la manière dont les femmes sont considérées [de la viande, juste bonne à consommer] et se voient elles-mêmes. Là encore, c’est une vision assez moderne pour l’époque même si je pense qu’il s’inspire de cette période d’entre deux-guerres où les mœurs étaient un peu plus légères.
“Ils parlent d’elle comme si elle était un morceau de viande.” Bernard grinça des dents : “Je l’ai eue par-ci, je l’ai eue par-là !” Comme du mouton !
L’auteur en profite également pour démontrer comment les gouvernements totalitaires détruisent leur bagage culturel pour mieux prendre l’ascendant sur la population [on en revient toujours au même, sans le faire exprès] : car sans culture et sans éducation, celle-ci ne peut plus penser par elle-même et n’est plus capable de ressentir des émotions.
Pour amener cette critique du “monde parfait” dans lequel la population de ce roman évolue, l’auteur utilise deux personnages qui sont considérés comme des rebuts de la société :
- le premier, Bernard, est ingénieur plutôt haut placé sur l’échelle social mais au sujet duquel la rumeur court : il n’aurait pas été “fini” correctement lors de son conditionnement. Il est dès lors considéré comme une personne bizarre, d’autant plus qu’il aime la solitude et chercher à “ressentir” des émotions lors de ses activités en société ;
- le second est un sauvage : c’est-à-dire un des rares hommes a encore être né de manière naturelle. Il aurait dû rester cloitré dans sa réserve, là où ses congénères servent de divertissement aux touristes civilisés mais des circonstances exceptionnelles l’ont amené à devoir fréquenter la “bonne société”.
C’est par le biais de ces marginaux que nous pouvons mettre en lumière les dérives de ce monde merveilleux dans lequel l’immense majorité des citoyens semble vivre heureuse.
Le style de l’auteur est parfois un peu rêche mais il correspond assez bien à cette société d’où toute poésie, toute émotion semble avoir disparu. Cela vient augmenter le sentiment de malaise qui peut nous prendre en nous immergeant dans ce monde qui n’a finalement rien d’idéal…
Je ne dirais pas que j’ai adoré ma lecture car elle n’était pas des plus agréables mais je comprends tout à fait pourquoi ce roman est aujourd’hui érigé au rang de “classique” !
Infos pratiques
- Auteur : Aldous Huxley
- Titre : Le Meilleur des mondes
- Traducteur : Jules Castier
- Edition : Pocket, 2015
- Nombre de pages : 319 pages
- Genre : science-fiction, roman d’anticipation
- Challenges :
- Catégorie “Nostalgie” du Back to Books Challenge
- Catégorie “Rêvons-nous de moutons électriques” du Pumpkin Autumn Challenge
Vous l’avez lu ?!
4 commentaires
mespagesversicolores
Jamais lu, je t’avoue qu’il me fait peur! ( Les thèmes, la complexité…)
Maghily
Je comprends ! 🙂
Je l’avais commencé il y a quelques mois (j’avais juste tenté le début de la préface) et je n’avais pas du tout accroché.
Finalement, le style de l’auteur est plus fluide une fois qu’on passe à la partie roman.
Ce n’est clairement pas mon livre de SF préféré mais je comprends pourquoi il a fait coulé tant d’encre.
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