Ni poète ni animal d’Irina Teodorescu
Cela faisait longtemps que je n’avais plus participé à une opération de Masse Critique de Babelio mais lorsqu’un membre de l’équipe m’a proposé Ni poète, ni animal d’Irina Teodorescu, roman dont je n’avais jamais entendu parler, je me suis dit que ce serait l’occasion de participer un peu à cette rentrée littéraire 2019 [il est possible que le renard sur la couverture y soit pour quelque chose…]. En effet, c’est assez rare que je publie des chroniques sur des nouveautés puisque je lis principalement en format poche.
Résumé
Carmen est une avocate d’origine roumaine, installée à Paris. Née en 1979, elle a grandi sous le régime de Ceaucescu et nous raconte sa vision d’enfant de la Révolution de décembre 1989. L’élément déclencheur de ce flot de souvenirs est la mort de son ami Le Poète, un artiste dissident bien connu dans son pays d’origine.
Ce que j’en ai pensé ?!
Mon avis sur ce roman est mitigé. Il est plutôt court et l’écriture de son autrice est fluide, ce qui fait qu’il se lit rapidement. J’ai trouvé la plume d’Irina Teodorescu assez particulière, très imagée voire parfois naïve et usant souvent du même vocabulaire [dixit la fille qui avait réussi à écrire “assez” trois fois en trois lignes, heureusement que je me relis !]. Mais en même temps, cette plume est travaillée et poétique.
Quand j’étais enfant, il y a eu, dans mon autre pays, une révolution. Un moment de grâce, j’ai cru que le temps des dictateurs était terminé et que commençait le règne des poètes.
Quant à l’histoire en tant que telle, je l’ai trouvée brouillon. Carmen apprend la mort de son ami et décide d’aller se changer les idées en conduisant dans les bois. Elle croise alors des gens avec des banderoles près d’un rond-point [je suppose que cela fait référence aux Gilets Jaunes ?] et cela lui donne l’occasion de se remémorer les mois qui ont précédé la chute du couple présidentiel roumain. Soit… A cette époque, Carmen vivait une vie relativement tranquille, entourée de ses parents [père patron d’une savonnerie, mère greffière], ses grands-paternels “sains d’esprit” et sa grand-mère maternelle, devenue folle et aigrie et ayant toujours fait l’objet d’une surveillance de la part du régime.
Le récit est parfois entrecoupé d’extraits censés être des retranscriptions de cassettes audios que la mère de Carmen enregistrait pour communiquer avec sa meilleure amie, partie vivre aux USA. Il arrivait que le contenu de ces cassettes soit trop subversif pour être envoyé par la poste, raison pour laquelle certaines sont encore disponibles pour Carmen. A d’autres moments, ce sont des extraits de rapports d’analyse psychiatrique concernant sa grand-mère maternelle qui viennent s’intégrer dans le récit.
Ces deux types de “documents” donnent une vision plus adulte de cette période, contrairement aux souvenirs de Carmen, plus enfantins. Ils permettent de prendre conscience de l’auto-censure du peuple par rapport à ce qu’il pouvait penser du régime. Le tout est ponctué par des souvenirs plus récents de conversations entre Carmen et son ami, Le Poète.
Malheureusement, bien que le pitch me semblait prometteur, j’ai trouvé que ce roman manquait de cohérence, de fil conducteur… Ce sont des successions de moments et de souvenirs mais j’avais du mal à comprendre où l’autrice voulait en venir. De même, celle-ci propose plusieurs réflexions autour du bien-être animal [autre point qui m’avait initialement attirée] mais celles-ci tombent souvent de nulle-part, sans réel rapport avec les faits énoncés [sauf l’épisode où Carmen raconte comment ses grands-parents lui ont fait manger son cochon… :-/].
Ce ne fut pas une mauvaise lecture mais je n’en ressors pas spécialement enthousiaste. Sur un thème similaire, j’avais préféré La Petite Communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon.
Infos pratiques
- Autrice : Irina Teodorescu
- Titre : Ni poète, ni animal
- Édition : Flammarion, 2019
- Nombre de pages : 211 pages
- Genre : contemporain
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