Station Eleven d’Emily St. John Mandel
Cette semaine, je vous parle de Station Eleven de l’autrice canadienne Emily St. John Mandel. J’avais lu beaucoup de bons avis sur ce roman [dont celui de Fanny] et j’étais assez curieuse de le découvrir. Pourtant, je ne suis pas particulièrement friande des romans post-apocalyptiques.
Résumé
Alors qu’il joue Le Roi Lear dans un théâtre de Toronto, le célèbre acteur Arthur Leander décède d’une crise cardiaque. Dans le même temps, une terrible maladie se propage à toute vitesse à travers le monde. La neige tombe sur la ville en ce dernier jour avant la fin du monde et personne ne comprend encore ce qu’il va bientôt se produire…
20 ans plus tard, La Symphonie itinérante sillonne les routes d’une civilisation qui s’est éteinte. Car, lorsque la grippe a décimé plus de 90% de la population mondiale et que tout le confort moderne a disparu, “Survivre ne suffit plus” et Shakespeare reste présent pour redonner espoir aux survivants.
Ce que j’en ai pensé ?!
J’ai aimé la manière dont le roman a été écrit, alternant les chapitres au présent, soit 20 ans après la pandémie, et les chapitres qui racontent les derniers mois qui ont précédé la catastrophe. Le roman se focalise sur le personnage d’Arthur Leander, un acteur provenant d’une petite île de quelques dizaines d’habitants devenu célèbre à Hollywood. C’est un homme éternellement insatisfait en amour, qui recherchait l’anonymat de la grande ville en quittant son île et l’a rapidement reperdu suite au succès de sa carrière. On suit également la vie de certains de ses proches ou d’anonymes qui ont croisé son chemin avant l’arrivée de la grippe. Certains ont survécu, d’autres non.
La plume de l’autrice est fluide, sans fioriture, ce qui s’adapte assez bien à l’univers qu’elle dépeint.
J’ai également apprécié le message renvoyé par cette Symphonie itinérante, troupe d’artistes qui désire redonner espoir à ses contemporains en leur faisant (re)découvrir les œuvres de Shakespeare. C’est une troupe bigarrée dont certains membres n’ont pas connu d’autre vie que celle qui a suivi la catastrophe ou ne se souviennent pas de leur existence avant celle-ci. Les plus âgé⋅es, par contre, sont nostalgiques de l’ancien monde où tout était plus facile, où l’on ne risquait pas de mourir en marchant sur un clou ou en attrapant un peu froid. Mais comment faire imaginer aux plus jeunes cette ère technologique alors que l’électricité est une notion devenue totalement abstraite ?
Liste non exhaustive : […] Plus de trains filant à toute vitesse sous la surface des métropoles, mus par la puissance impressionnante du troisième rail. […] Plus d’écrans qui brillent dans la semi-obscurité lorsque des spectateurs lèvent leurs portables au-dessus de la foule pour photographier des groupes en concert. Plus de scènes éclairées par des halogènes couleur bonbon, plus d’électro, de punk, de guitares électriques. […] Plus de pays, les frontières n’étant pas gardées…
Faut-il vraiment leur témoigner de tout ce qu’iels ne connaîtront probablement jamais ? Tous ces individus s’aiment ou se détestent parfois et forment ce qui ressemble à une famille.
Au cours de leur voyage, les membres de la Symphonie découvrent différentes villes et communautés qui tentent de se reconstruire, chacune à leur manière : certaines vivent dans l’anarchie la plus totale, d’autres ont réussi à se réorganiser de manière paisible. Parfois, mieux vaut ne pas rester trop longtemps car le danger plane… Mais globalement, ce roman est porteur d’espoir et je ne m’y attendais pas spécialement. Je pensais lire quelque chose de plus noir et plus violent, un peu à l’image de La Route de Cormac McCarthy. Bien sûr, tout est loin d’être rose et les premières années d’errance semblent avoir été difficiles à supporter. Mais, l’autrice nous dispense un message plutôt positif dans lequel l’entraide et l’amour de l’art permettent aux hommes et aux femmes de retrouver leur équilibre et leur humanité. Une jolie découverte.
Ce qui a été perdu lors du cataclysme : presque tout, presque tous. Mais il reste encore tant de beauté : le crépuscule dans ce monde transformé, une représentation de Songe d’une nuit d’été sur un parking […] avec le lac Michigan qui brille à cinq-cent mètres de là.
Infos pratiques
- Titre : Station Eleven
- Autrice : Emily St. John Mandel
- Traducteur : Gérard de Chergé
- Édition : 2016, Rivages
- Nombre de pages : 478 pages
- Genre : contemporain, post-apocalyptique
- Ma note : 16/20
- Challenge : Un pavé par mois de Bianca et Challenge 2019 de Mille vies en unes dans la catégorie “Livre avec un personnage qui est un artiste”.
11 commentaires
mespagesversicolores
J’avais apprécié ce roman assez lumineux 🙂
Maghily
Oui, je l’avais repéré sur ton blog, à la base ! 🙂
(comme beaucoup trop de livres qui me tentent, d’ailleurs)
Chibi
Roh que ça a l’air pas mal…! Je lirai les premières pages en allant en librairie 😀
Maghily
Et pour ne rien gâcher, il est récemment sorti en version poche ! 😉
Chibi
Encore mieux alors! Je note celui-ci et celui de Jim Lynch pour mon prochain passage en librairie =)
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