La trilogie 1Q84 d’Haruki Murakami
Aujourd’hui, je ne viens pas vous parler d’un seul livre mais d’une trilogie : 1Q84 d’Haruki Murakami. Pour moi, cette histoire n’aurait pu faire qu’un seul volume, si ce n’est qu’il aurait été bien épais car il n’y a pas vraiment de distinction entre les tomes : le second commence directement là où le premier avait fini, sans le moindre rappel de ce qui s’est passé dans le précédent. En gros, si vous comptez espacer votre lecture de plusieurs mois, vous avez intérêt à avoir une bonne mémoire ! 😉
Résumé
Tengo et Aomamé se sont connus il y a 20 ans, alors qu’ils étaient à l’école primaire. Après ce qui pourrait ressembler à un coup de foudre, leurs vies se sont séparées et, même s’il leur arrive encore de penser régulièrement l’un à l’autre, ils ne se sont jamais revus.
Printemps 1984 : Aomamé gagne sa vie en tant que tueuse à gages, spécialisée dans l’assassinat d’hommes qui ont été violents envers des femmes tandis que Tengo est professeur de mathématiques et écrivain en devenir. Tous deux se trouvent impliqués dans des activités plutôt illégales ayant un point commun : elles nuisent à une secte appelée “Les Précurseurs”.
Dans le même temps, il semblerait que les deux âmes sœurs aient été propulsées dans un monde parallèle au leur (1Q84) surplombé par deux lunes. Cet univers ressemble furieusement à celui que Tengo a décrit dans le dernier roman sur lequel il a travaillé… Quel est ce monde étrange et comment vont-ils échapper aux Précurseurs ? Ce sont les questions auxquelles l’auteur tâche de répondre tout au long de ces trois tomes.
Ce que j’en ai pensé ?!
Mon avis sur cette trilogie est extrêmement mitigé. Pendant presque toute ma lecture, je n’ai pas compris où l’auteur souhaitait nous emmener et, encore aujourd’hui, il me reste de nombreuses interrogations. C’est assez frustrant. Pourtant, je peux apprécier les fins ouvertes mais il faut, dans ce cas, que le roman nous donne les clés qui nous permettent d’imaginer ce que pourrait être sa fin. Ici, ce n’est pas le cas.
L’un des paradoxes de ce roman, c’est que l’auteur y fait de nombreux détours, que ce soit par son style assez poétique et descriptif ou par les répétitions qui jalonnent le récit de manière récurrente. Cela imprègne au texte, une impression de lenteur. Mais, dans le même temps, il se dégage de cette histoire une tension palpable qui nous donne envie de tourner les pages le plus rapidement possible pour en connaître le dénouement.
Le récit se construit sur une alternance entre les chapitres dédiés à Aomamé et ceux qui concernent Tengo. Puis, dans le dernier tome, Murakami intègre une troisième alternance autour du personnage d’Ushikawa, un détective qui travaille pour le compte des Précurseurs. Ces chapitres se déroulent de manière parallèle, ce qui nous permet d’avancer dans le récit en suivant les mêmes scènes, de différents points de vue. Puis, parfois, l’auteur ralentit le récit, uniquement pour un personnage, ce qui peut paraître déroutant. On croit alors que les personnages vont se croiser mais il n’en est finalement rien. J’ai bien aimé l’arrivée de ce nouveau personnage, déjà rencontré dans le tome 2. C’est grâce aux chapitres qui le concernent que l’auteur parvient à créer l’atmosphère de suspens dont je parlais plus tôt.
Murakami semble accorder beaucoup de place au développement intérieur de chaque protagoniste : il leur laisse une large place pour se livrer à l’introspection ce qui aide le lecteur à mieux les cerner et, éventuellement, à s’y identifier. Si Tengo est un personnage, somme toute, assez banal, Aomamé est plus surprenante : élevée par des parents Témoins de Jéhovah, elle s’est émancipée vers l’âge de onze ans et a vécu seule, sans soutien. Elle s’est construite grâce à une discipline et une force mentale assez impressionnantes. C’est véritablement un personnage qui sort de l’ordinaire.
Dans 1Q84, l’auteur aborde la question du lien filial et de l’importance des origines, selon différents points de vue. Aomamé et Tengo ont tous deux vécu une enfance difficile, à cause de la rigueur de leurs parents. Si Aomamé a définitivement coupé les ponts avec sa famille, Tengo se rapproche de son père en fin de vie et espère qu’il l’aidera à mieux comprendre son histoire et celle de sa mère, disparue lorsqu’il était encore un tout jeune enfant.
Le thème de la solitude est également largement abordé dans ce roman. Tous les personnages que l’on rencontre semblent la vivre, sans que ce ne soit toujours un fardeau à porter.
Enfin, il y a tout un pan de fantastique basé sur le monde parallèle dans lequel les personnages ont été projetés. C’est ce qui m’a donné le plus de fil à retordre car, pour moi, l’auteur ne donne aucune réponse aux questions introduites par le biais de cette dimension fantastique. A croire qu’il réserve ses révélations pour un quatrième tome…
Je ne sais pas si je conseillerais cette trilogie car j’ai fréquemment été frustrée, au cours de ma lecture, de ne pas comprendre les actions qui s’y déroulaient et leur importance dans le récit. Pourtant, j’étais aussi séduite par le style de l’auteur et la personnalité des protagonistes qu’il nous a présentés. J’aurais pu abandonner à de multiples reprises mais je voulais absolument découvrir où allait me mener cette intrigue. Si vous l’avez lue, je suis vraiment curieuse de connaître votre avis !
Infos pratiques
- Auteur : Haruki Murakami
- Titre : 1Q84, Livres 1 à 3
- Édition : 10/18 2012 à 2013 [je ne suis que frustration face à cette édition : j’avais acheté les deux premiers tomes dans la première version poche, sublime, avec les visages sur la couverture mais je n’ai jamais réussi à acheter le tome 3 car 10/18 les avait réédités dans leur version actuelle toute colorée qui jure avec la première. Du coup, je n’ai jamais acheté le tome 3 en version physique :(]
- Nombre de pages : 548 pages, 496 pages et 619 pages = 1663 pages
- Genre : réalisme magique, contemporain
- Challenges : j’ai lu les deux derniers tomes en février, ce qui me permet de valider le challenge de Bianca et la catégorie “Roman inspiré d’un classique” du Challenge 2019 de Mille vies en une puisque le titre de ce roman fait référence à 1984 de Georges Orwell.
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