Lecture

J’arrête la pilule de Sabrina Debusquat

Cette semaine, je reviens avec un essai dont j’estime qu’il est important que je parle. Dans J’arrête la pilule, la journaliste Sabrina Debusquat nous livre les résultats d’une enquête qu’elle a menée durant un an sur un médicament pas si anodin que cela.

Cet essai se découpe en quatre parties. Après une préface réalisée par un médecin spécialiste de la question, Sabrina Debusquat, nous explique ses motivations [offrir la possibilité aux femmes de choisir leur contraception en toute connaissance de cause] et nous raconte l’histoire de ce médicament. Et là, je peux déjà vous dire que son image s’en trouve fortement écornée ! Là où on nous vante la création de la pilule comme un outil de libération des femmes, on comprend vite qu’il n’en est rien. Car, même si les féministes souhaitaient sa création pour des raisons on ne peut plus louables, ce sont surtout les eugénistes qui l’ont rendue possible… Leur motivation ?! Limiter la procréation chez les femmes qui n’étaient pas capables de se limiter elles-mêmes [c’est-à-dire, les pauvres, les moins instruites et les noires, principalement] pour qu’elles évitent de trop polluer la race [blanche, riche, puissante, évidemment]. Tout de suite, ça semble nettement moins libérateur…

Après ce volet historique, la journaliste nous explique les mécanismes de contrôle qui ont été mis en place lors de la création de la pilule : comment et où se sont déroulées les phases de test, pendant combien de temps, sur combien de personnes, quels ont été les premiers résultats, etc. C’est là que l’on découvre qu’avec quelques gros sous, on peut facilement obtenir les autorisations que l’on veut, même dans le secteur de la santé, pour commercialiser un peu n’importe quoi. Là encore, il y a largement de quoi s’indigner !

Ensuite, elle nous explique quels sont les nombreux effets secondaires de la pilule ; que ce soit directement sur la santé des femmes qui la prennent, mais aussi sur celle de leurs enfants ou sur l’environnement. Elle nous décrit également les liens avec les différentes formes de cancer apparues ces dernières années ou d’autres maladies assez graves qui font froid dans le dos… Tout cela est chiffré, elle ne nous dit pas que nous allons toutes mourir à cause de la pilule… Simplement, qu’il y a d’étranges coïncidences dont on ne nous parle pas forcément, surtout pas au moment où l’on nous conseille de la prendre. Elle témoigne aussi du manque de considération du corps scientifique pour ces effets secondaires même si, doucement, les mentalités commencent à changer. Pour illustrer tout cela, elle complète son propos avec des témoignages de femmes dans leur relation à la pilule : consommation, effets indésirables, difficultés à l’arrêter, etc. Là encore, on se heurte à la misogynie de la société face à la contraception.

Elle termine en nous donnant des pistes pour reprendre en main notre contraception, notamment, sur base de sa propre expérience. Elle pose également la question de l’avenir de la génération post-pilule, des manières dont les couples peuvent se partager la charge contraceptive [parce que non, ce n’est pas QUE de la responsabilité des femmes, faut être deux pour concevoir un enfant], etc.

C’est un ouvrage très intéressant, qui m’a fait passer quelques mauvaises nuits mais qui, je l’espère, va me donner l’impulsion nécessaire pour arrêter définitivement cette crasse ! J’avais déjà tenté l’expérience il y a quelques années à cause de ces fameux effets indésirables qui me pourrissaient un peu la vie mais cela avait été absolument catastrophique ! En gros, j’ai pris la pilule très jeune [environ 14 ans] car le dermatologue que j’avais consulté à l’époque avait considéré que c’était LE remède contre une acné assez envahissante. Alors oui, ça l’a fait disparaître à l’époque mais je vous dis pas le retour de bâton quand j’ai décidé de l’arrêter [l’acné à 25-26 ans, c’est encore moins gai qu’à 14 et la perte de cheveux qui l’accompagnait m’a bien fait flipper]. Donc, après plus de deux ans de calvaire sans amélioration visible, j’ai craqué et je l’ai reprise. Mais cette fois, j’ai conscience que les enjeux sont nettement plus importants que ce que j’avais cru à l’époque et je ne me laisserai pas abattre aussi facilement [d’ailleurs, si vous avez vécu la même chose, je suis preneuse de bons plans naturels]!

Pour moi, c’est véritablement un ouvrage à mettre entre toutes les mains car il permet de prendre conscience des conséquences de ce que l’on nous fait ingérer depuis des années. Même si cet ouvrage est clairement à charge, l’autrice rappelle l’avancée que la pilule a permis dans le mouvement de libération des femmes et ne condamne pas celles qui choisissent ce mode de contraception. Elle leur demande simplement de le faire en ayant pris connaissance de ce que recouvre le fait de “prendre la pilule”. Je pense donc faire circuler cet essai autour de moi pour ouvrir les consciences des femmes [et des hommes] qui m’entourent sur un sujet qui me semble important.

Et si vous voulez déjà en savoir plus, sans avoir le bouquin, l’autrice a créé un site dédié à son enquête et possède un blog super intéressant où elle parle de différents sujets de société.

Infos pratiques

  • Autrice : Sabrina Debusquat
  • Titre : J’arrête la pilule
  • Edition : Les liens qui libèrent, 2017
  • Nombre de pages : 304 pages
  • Genre : essai
  • Ma note : 17/20

Ce livre vous intéresse ?!

 

5 commentaires

  • mespagesversicolores

    Merci pour cet ouvrage important! (Et j’ai appris un nouveau mot “eugéniste” 😉 )

    C’est en effet assez fou qu’on soit arrivé à mettre dans la tête des femmes que c’était LA solution à tous les problèmes! Merci la société, les gynécos…

    J’ai décidé d’arrêter la pilule il y a un an et j’ai vraiment sauté le pas en janvier en mettant un stérilet en cuivre (sans hormones).
    J’ai de la chance, je n’ai pas eu d’effets secondaires, pas de boutons, mon cycle est régulier (plus abondant par contre…). Et j’ai l’impression d’avoir retrouver mon corps. Je me sens mieux, moins de baisse de moral et de déprime passagère.

    En espérant que mon petit témoignage te pousse à changer 🙂

    • Maghily

      Je pense que les médecins, au départ en tous cas, étaient de bonne foi.
      Les pourris, ce sont surtout les firmes pharmaceutiques qui ont bâclé les tests pour pouvoir mettre leur produit en vente rapidement, sans tenir compte des effets que cela pouvait avoir.

      Comme je t’envie pour l’absence d’effets secondaires : je sais déjà que je vais souffrir.
      Du coup, je vais tenter le sevrage progressif car j’ai lu que cela avait pas mal fonctionné sur certaines femmes qui avaient eu beaucoup d’effets indésirables lors de leur première tentative d’arrêt.
      On verra ce que ça donnera ! 🙂

      J’ai plusieurs amies/collègues qui ont également arrêté et qui sont contentes de l’avoir fait. Toutes ont cette même impression d’avoir retrouvé leur corps. C’est assez fou ! Certaines ont même découvert qu’elle avait une libido beaucoup plus importante après l’arrêt (merci l’effet castration chimique de la pilule).

      Tout aussi instructif sur la question mais romancé, il y a Le Choeur des femmes de Martin Winckler. Je ne sais pas si tu l’as déjà lu mais c’est une petite pépite qui explique bien les différents mode de contraception et l’évolution d’un gynécologue au contact de ses patientes.

      • mespagesversicolores

        J’espère que tu trouveras ce qui te convient! (Et oui la pilule avait “endormi” mon corps!)

        J’ai déjà noté ce titre mais je ne l’ai pas encore lu! J’ai déjà entendu l’auteur parler et c’est tout aussi instructif!

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