Culture,  Lecture

Beauté fatale de Mona Chollet

Cette semaine, on se retrouve une fois de plus autour d’un essai, celui de Mona Chollet, intitulé Beauté fatale : histoire d’une nouvelle aliénation féminine. Il tourne beaucoup sur les réseaux, même si jusqu’à présent, c’est plus souvent dans des bookhauls que dans des avis lectures… Du coup, j’avais bien envie de découvrir de quoi il retournait !

Résumé

Dans cet essai, Mona Chollet se penche surtout sur le milieu de la mode-beauté et nous décrit quelle image de la femme il tend à promouvoir, par l’intermédiaire de la publicité et des défilés, mais aussi des blogs et de la presse féminine.

Ce que j’en ai pensé ?

Globalement, j’ai trouvé cet ouvrage assez intéressant bien que déjà un peu daté, que ce soit par les exemples qu’il nous propose ou les situations qu’il décrit. En effet, j’ai l’impression que depuis la sortie de ce livre, certaines choses ont évolué en mieux, notamment en ce qui concerne la représentation d’une certaine diversité.

J’espérais trouver dans cet essai un peu plus de contexte historique qui m’aurait davantage permis de comprendre comment nous en sommes arrivés là aujourd’hui et quelle a été l’évolution de cette aliénation. Malheureusement, le plus loin que l’on remonte, c’est le début des années 50. De même, j’aurais aimé que cet ouvrage soit moins occidento-centré mais cela s’explique sans doute par le fait que le monde de la mode, lui-même, l’est énormément. J’aurais aimé avoir des points de vue de tous les continents, or on s’intéresse essentiellement à l’Europe et aux USA. Mais, ce que je reproche à cet essai, c’est ce que l’autrice reproche au monde de la mode : ne proposer comme modèle que celui de la femme, jeune, blanche, plutôt blonde, que ce soit dans les pays occidentaux ou ailleurs. Elle consacre plusieurs chapitres à cette problématique du racisme dans la mode. Je ne suis pas une grande adepte de celle-ci donc je n’avais jamais vraiment fait attention à cela mais, en y réfléchissant, je me suis dit qu’elle n’avait pas tort. Selon elle, les modèles de couleurs sont sous-représentés et cantonnés à des rôles où doivent toujours transparaître une certaine animalité ou un certain exotisme. Cela vient faire écho à une lecture dans laquelle je suis plongée actuellement (Ne suis-je pas une femme ? de bell hooks) où l’autrice explique que la femme noire est présentée dans la société patriarcale blanche comme un être immoral porté par ses pulsions sexuelles fortes.

L’autrice dénonce également la volonté de ce milieu de faire disparaître la femme, notamment en l’obligeant à être de plus en plus mince et donc, à prendre de moins en moins de place. Mais cette volonté de la faire disparaître serait également valable sur le plan intellectuel où on ne lui demande pas de donner son avis ou de montrer qu’elle est intelligente. Son rôle doit rester purement décoratif. Et pour lui éviter de trop réfléchir, on l’épuiserait à coups d’injonctions superficielles la poussant à s’inquiéter de son paraître. Je peux comprendre ce point de vue, même si j’ai tendance à penser que de nombreuses femmes parviennent à passer au-delà de ces considérations et s’échappent de ce carcan qu’on voudrait leur imposer. Maintenant, je pense que cela dépend de certains milieux et, peut-être, du “niveau de beauté” de chacune : les filles “moins jolies” s’attardent sans doute moins sur ces considérations, sachant qu’elles doivent mettre en avant d’autres atouts si elles souhaitent briller en société.

Par moment, j’ai trouvé l’autrice trop radicale dans ses propos : elle utilise un ton assez acerbe, souvent cynique et plusieurs fois, je me suis dit qu’elle exagérait, ce qui desservait son propos. Elle donne l’impression que les femmes se laissent toutes manipuler par ce grand complot du patriarcat, ce qui me semble être de moins en moins le cas (l’actualité nous le prouve un peu ces dernières semaines).

Mais dans l’ensemble, j’ai trouvé cet ouvrage très instructif et bien documenté. D’ailleurs, ma wish-list s’est encore agrandie grâce aux nombreuses références que l’on trouve dans ce bouquin !

Je vous le conseille donc si vous vous intéressez à la question mais je pense qu’il doit se compléter par d’autres lectures sur la condition féminine.

Infos pratiques

  • Autrice : Mona Chollet
  • Titre : Beauté fatale, les nouveaux visages d’une aliénation féminine.
  • Editions : 2015, La Découverte – essai
  • Nombre de pages : 290 pages
  • Thèmes : condition féminine, mode, beauté, aliénation

 

Il vous intéresse ou vous l’avez lu ?  

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