Lecture

Le Ciel est la limite d’Anne Lanoë

Voici un roman jeunesse gagné lors du dernier Masse critique de Babelio. Ce qui m’avait attirée dans ce livre [hormis sa jolie couverture toute colorée], c’est le fait qu’il se déroule au Brésil, pays que je connais assez peu mais que j’aimerais découvrir davantage.

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Résumé

Depuis 1 an et 8 mois, Samuel a cessé de parler. Il se sent coupable de l’accident qui a coûté la vie à sa mère et pense que seul le silence peut lui rendre hommage. Son père, à court d’idées, décide de l’envoyer passer les deux mois d’été au Brésil, chez Hélio, un ami de son grand-père, qui dirige un projet de réinsertion sociale pour des jeunes francophones en difficulté. Samuel est loin d’être ravi de cette initiative et choisit de s’enfermer encore davantage dans son mutisme. Arrivé sur place, il comprend qu’il n’est pas le seul à avoir vécu des moments difficiles et que ses camarades veulent absolument lui faire recouvrer la parole. Il passe alors dans une phase où se mêlent violence et isolement. Seule Ceù, la nièce d’Hélio semble pouvoir faire craquer sa coquille.

 Ce que j’en ai pensé ?

Il s’agit d’un roman sur le deuil et la culpabilité dans lequel on suit le point de vue de Samuel, un adolescent mutique et dépressif [on a connu plus joyeux comme pitch de départ]. Se sentant responsable de la mort de sa mère, Samuel se refuse désormais le droit à une vie normale. Agressif et violent, il ne veut pas s’ouvrir aux autres et n’aspire qu’à la solitude [ça, c’est qu’il nous dit]. Bien que je comprenne son deuil, j’ai surtout trouvé que Samuel avait des réactions égoïstes de sale gamin pourri gâté. Je n’ai pas vraiment compris sa démarche de silence qui ressemble davantage à un caprice qu’autre chose. Je trouve que, de ce point de vue-là, l’autrice n’a pas vraiment réussi à faire comprendre la profondeur du mal-être de Samuel.

Cet état d’esprit colle d’autant moins avec le ton utilisé lorsque Samuel envoie des e-mails à son frère aîné : on y trouve une certaine part d’auto-dérision quant à sa situation, comme si ça l’amusait de faire tourner les autres en bourrique. Il s’adresse à lui un peu comme si de rien n’était alors que cela fait plus d’un an qu’il refuse toute forme de communication. Bref, ça manque de cohérence…

Là où je trouve également qu’Anne Lenoë n’a pas suffisamment approfondi le côté mutique de Samuel, c’est dans les nombreuses esquives face à des situations du quotidien. Un exemple : Samuel s’enfuit sans argent mais parvient à prendre un taxi et à se rendre dans un musée. C’est annoncé simplement, sans que l’on ne participe à la scène : or, j’aurais été curieuse de voir comment il s’est débrouillé pour se faire comprendre.

Etant donné qu’on suit le point de vue de Samuel et que celui-ci reste en marge du groupe, on en apprend assez peu sur les autres personnages qui l’entourent. Là encore, c’est assez dommage car il aurait été intéressant de voir ce qu’on ressent face à une personne qui refuse de parler.

Et, dernier point négatif, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de scènes attendues au niveau des différentes romances qui se créent dans le groupe. Je suis tout à fait consciente qu’il s’agit d’un roman jeunesse et qu’il est donc normal que certaines choses soient beaucoup moins subtiles que dans un roman pour adultes. Néanmoins, j’ai l’impression ici que l’autrice s’est un peu trop reposée sur cet aspect pour passer au-dessus des difficultés qu’elle s’était elle-même créées avec l’instauration d’un personnage mutique.

Par contre, le grand point positif de ce roman, ce sont les nombreuses références à des groupes musicaux que j’aime beaucoup et dont la playlist apparaît à la fin du roman [qui aurait été parfaite si elle avait mentionné les pages dans lesquelles les chansons apparaissaient… Mais soit, je chipote.]. Cela m’a fait sourire à plusieurs reprises et a fait remonter Samuel dans mon estime.

Enfin, le roman offre une jolie description de la ville de Rio et donne envie d’aller y faire un tour, chose que j’espérais en lisant ce livre.

C’est donc une lecture qui devrait donc plaire à un public adolescent [plutôt la tranche 13 – 16 ans] mais que je ne vous conseillerais pas si vous avez dépassé la vingtaine. Malgré mon âge avancé, j’ai tout de même passé un agréable moment de lecture mais je pense que ce roman sera assez vite oublié.

Infos pratiques

  • Autrice : Anne Lanoë
  • Titre : Le Ciel est la limite
  • Edition : Fleurus, 2016
  • Nombre de pages : 253 pages
  • Ma note : 13/20

L’avez-vous lu ou vous tente-t-il ?!

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