Du Domaine des Murmures de Carole Martinez
Alors que pour la rentrée littéraire, Carole Martinez nous propose La Terre qui penche, je n’avais toujours pas sorti son précédent roman de ma PAL. Comme j’avais adoré Le Coeur cousu, j’avais acheté Du Domaine des Murmures sur un coup de tête, sans vraiment en regarder le sujet… Aïe ! Moi qui ne suis pas vraiment fan du Moyen-Âge, c’était peut-être pas une si bonne idée…
Résumé
Esclarmonde est une jeune noble de 15 ans. Seule fille dans une famille exclusivement masculine, elle est la petite préférée de son père. Celui-ci peine à lui trouver un mari : il ne veut pas la voir quitter son domaine. Mais, le temps passe à toute vitesse et il doit finalement se décider. Son choix se porte sur Lothaire, un beau jeune homme courageux et toujours vaillant au combat. Mais c’est surtout quelqu’un de terriblement imbu de sa personne et un véritable coureur de jupons [pour qui le consentement des jeunes filles est un concept nébuleux, d’ailleurs…]. Vous imaginez le tableau ! Esclarmonde refuse de se marier à Lothaire et, pour pouvoir vivre libre, décide de s’emmurer vivante, dans la tour de sa chapelle [oui, c’est un rien contradictoire mais vous comprendrez bien assez vite…]. Elle va donc vivre en recluse et devenir une sorte de sainte que les pèlerins viennent visiter sur leur chemin vers Compostelle. De sa geôle, elle apprend les nouvelles du monde et conseille ses contemporains. Jamais elle n’aurait cru vivre autant d’aventures que ce qu’elle connaîtra du fond de sa tour.
Ce que j’en ai pensé ?
Difficile pour moi de donner un avis tranché sur cet ouvrage. En effet, il a beaucoup de bons côtés mais il m’a aussi profondément ennuyée… Je m’explique !
Dans ce roman, c’est la voix d’Esclarmonde que le lecteur peut entendre. Elle s’adresse à un visiteur venu, depuis notre présent, visiter les ruines de son domaine. Le langage d’Esclarmonde correspond à celui d’une jeune noble instruite et pieuse de son époque : il est emprunt d’un vocabulaire d’un autre temps et d’une certaine poésie qui nous transporte immédiatement dans l’univers des Murmures. De ce côté, j’admire le travail de l’écrivaine !
Ensuite, ce que l’auteure souhaite dénoncer, par l’intermédiaire de cette enfant condamnée à mort, c’est le peu de possibilités d’épanouissement des femmes de cette époque :
- soit elles se mariaient à un homme qu’elles n’avaient pas choisi, faisaient de nombreux enfants jusqu’à, souvent, mourir en couches ;
- soit, elles choisissaient la voie religieuse en entrant au couvent ou en devenant recluses.
Rien de très réjouissant, on est bien d’accord ! J’ai aimé cet aspect du roman dans lequel la figure d’Esclarmonde fait véritablement office de modèle. Mais elle n’est pas seule à montrer que les femmes ne sont pas bonnes, uniquement, à devenir de vrais fours à bébé [pour reprendre l’expression d’une amie qui se reconnaîtra]. Il y a aussi Douce qui, contrairement à ce que laisse entendre son prénom, dirige le domaine d’une main de fer ; ainsi que Bérengère, qui joue de ses charmes pour obtenir les informations dont elle a besoin pour sortir son épingle du jeu. Tout ce petit monde tend à renverser l’ordre des choses et ça fait du bien !
Par contre, le Moyen-Âge, c’est aussi une période très [trop] religieuse pendant laquelle, d’ailleurs, les Chrétiens partaient en Croisade pour imposer leur religion au monde oriental [mauvaise idée… Certains n’ont malheureusement pas compris qu’on était passés à autre chose depuis bien longtemps]. Et c’est justement tout le mysticisme qui entoure la situation d’Eslarmonde qui m’a profondément ennuyée : ses visions de Dieu ou de la vie des Croisés, ses longues périodes de prières, etc. Je n’arrive pas à adhérer à cette pratique de la religion, ça a même légèrement tendance à m’exaspérer. Donc forcément, ces aspects du roman m’ont quelque peu rebutée. Néanmoins, je trouve que la morale qu’apporte l’Esclarmonde d’aujourd’hui sur les événements qu’elle a vécus est assez juste et intéressante. Elle parvient à prendre du recul sur les croyances d’alors et fait même preuve d’une certaine ironie [ouf, nous voilà sauvés !].
C’est donc un avis assez nuancé que je vous livre de ce roman. Je compte tout de même continuer la série* entamée par Carole Martinez car je reste toujours intéressée par les destins de femmes et l’écrivaine semble particulièrement douée pour les raconter.
Avez-vous lu ce roman ? Qu’en avez-vous pensé ?
Infos pratiques
- Titre : Du Domaine des Murmures
- Auteure : Carole Martinez
- Edition : Folio, 2013
- Nombre de pages : 240 pages
- Type de public : adulte, amateur de roman historique et/ou de destins féminins
*Dans cette émission, Carole Martinez raconte ce qu’elle envisage pour la suite de son oeuvre littéraire. C’est en la regardant que j’ai soudainement eu envie de sortir son second roman de ma bibliothèque où il prenait la poussière depuis bien trop longtemps.
6 commentaires
Bianca
Je l’ai dans ma pal, acheté sur un coup de tête aussi et comme toi le Moyen Âge n’est pas mon époque de prédilection, j’espère qu’il me plaira davantage qu’à toi !
Maghily
Je l’espère aussi !
Si tu n’es pas trop dérangée par toutes ces histoires de religion, je pense qu’il pourrait te plaire.:)
La tête dans les livres
J’avoue avoir vu énormément de bonnes critiques sur ce livre donc personnellement, je tenterais bien et le Moyen-Age est plutôt une période qui m’intéresse donc j’espère que ça me plaira plus qu’à toi!
Maghily
J’espère qu’il te plaira ! Si tu aimes le M-A, ya de grandes chances. 🙂
Philippe D
J’ai beaucoup aimé ce livre alors que j’avais déteste “Le coeur cousu” du même auteur.
Je devais recevoir “La terre qui penche” pour les matchs de la rentrée littéraire de Priceminister, mais je n’ai rien vu venir !
Dommage!
Maghily
Ho dommage pour La Terre qui penche ! :/
Le cœur cousu m’avait semblé plus fantastique [et moins mystique] : il faut aimer les légendes et les traditions sud-américaines.