Les Lieux sombres de Gillian Flynn
L’an dernier, j’avais littéralement dévoré Les Apparences de Gillian Flynn. Du coup, lorsque j’ai croisé Les Lieux sombres dans les rayonnages de Pêle-Mêle, je n’ai pas eu besoin de tergiverser très longtemps !
Résumé
Libby a 7 ans lorsqu’un soir de janvier, sa mère et ses deux grandes sœurs sont assassinées tandis qu’elle parvient à s’enfuir. Le coupable est rapidement trouvé : il s’agit de son frère aîné, Ben, un adolescent qui voue un culte à Satan, ce qui l’aurait pousser à commettre de pareilles atrocités. Il est condamné à la perpétuité suite au témoignage de la petite fille, qui affirme qu’il était à la maison ce soir-là.
25 ans plus tard, Libby voit soudain ses certitudes voler en éclats. C’est une femme détruite : profondément déprimée, asociale, elle a toujours vécu grâce aux dons que lui versaient des associations d’aide aux victimes. Comme les dons s’amenuisent et qu’elle est absolument incapable de trouver un emploi digne de ce nom, elle accepte l’invitation rémunérée de Lyle à un kill-club, dont le thème est justement le massacre de sa famille. Les participants, persuadés de l’innocence de Ben, souhaitent que Libby ré-envisage cette nuit-là et les aide à enquêter. Le besoin d’argent sera-t-il le moteur qui lui permettra de rouvrir les portes du passé ?
Ce que j’en ai pensé ?
Pour nous aider à découvrir ce qui est arrivé cette nuit de janvier 1985, Gillian Flynn choisit d’alterner les chapitres au présent dans lesquels nous suivons les tergiversations de Libby avec des chapitres au passé, présentant, sous le point de vue de Ben, de Libby ou de leur mère, les divers événements qui ont conduit au massacre. Cette construction fait monter peu à peu le suspens, au fur et à mesure qu’on se rapproche du dénouement tragique. De cette manière, le lecteur se familiarise avec cette pauvre famille d’agriculteurs qui se débat pour garder la tête hors de l’eau et tenir les créanciers à l’écart. Ainsi, il a tendance à prendre pitié de cet adolescent, mal dans sa peau, qui essaie tant bien que mal de se faire accepter par une nouvelle bande “d’amis”. Cependant, la construction psychologique du personnage de Ben est telle qu’elle ne permet pas au lecteur de l’innocenter ou de l’incriminer avec certitude avant les révélations finales. En ce sens, la maîtrise du suspens, par Gillian Flynn, vaut largement celle qu’elle nous avait démontrée dans Les Apparences.
Néanmoins, j’ai eu beaucoup plus de mal à accrocher à ce roman. En cause ? Le caractère particulièrement exécrable de Ben et Libby. Aucun ne se montre attachant, que du contraire ! Ce n’est qu’à partir du moment où l’on entrevoit potentiellement ce qui s’est passé cette nuit-là que le roman devient réellement prenant. Avant cela, c’est surtout un sentiment de malaise qui s’empare du lecteur face à la décrépitude de cette famille harassée par la pauvreté.
Car, en dehors du côté thriller de ce roman, on aperçoit une dénonciation de la politique américaine en matière d’agriculture : les fermiers ont été poussés à agrandir sans cesse leurs exploitations, en contractant de nombreux emprunts. Et cela, jusqu’au jour où les diverses crises économiques qui ont touché le pays les ont empêché de rembourser ces sommes colossales. Cette situation a poussé de nombreux agriculteurs à la faillite, voire au suicide. La famille Day est la parfaite représentante de ces agriculteurs lésés.
L’autre sujet qui ressort de ce roman, ce sont les conséquences désastreuses que peut entraîner l’indifférence des parents envers leurs enfants. En effet, plusieurs personnages qui auront une forte implication dans les événements de cette nuit sont des jeunes dont les parents, indépendamment de leur statut social, ont clairement démissionné de leurs fonctions parentales.
Vous l’aurez compris, malgré ses nombreux points forts, ce roman n’aura pas su m’emballer autant que son prédécesseur. Cependant, il reste un très bon thriller, au suspens maitrisé.
Encore une fois, ce roman de Gillian Flynn a fait l’objet d’une adaptation au cinéma, avec Charlize Theron dans le rôle de Libby.
Je ne l’ai pas encore vue, et vous ?
Ce roman me permet d’ajouter un nouveau pavé (le premier du mois d’octobre) pour le challenge de Bianca.
Infos pratiques :
- Titre : Les Lieux sombres
- Auteure : Gillian Flynn
- Edition : Livre de poche, 2011
- Nombre de pages : 506 pages
- Type de public : adulte, amateur de thrillers
11 commentaires
rp1989
J’ai entendu beaucoup de bien de cet auteur.
Gros bisous à toi!
https://lachambreroseetnoire.wordpress.com/2015/10/19/acquisitions-livresques-et-de-beaute-2/
Maghily
Oui, elle connait son petit succès… 😉
Mille vies en une (@Milleviesenune)
Sous mon billet, tu avais dit que tu le prendrais chez Pêle-Mêle … je vois que tu l’as trouvé 😀
Je n’avais pas vraiment accroché aux personnages non plus (tout comme dans “Les Apparences” en fait) mais cela ne m’avait pas trop dérangée. Il faut croire que cela tient à la plume de l’auteur parce que je suis d’accord avec toi, cela peut vraiment “ruiner” une lecture.
A voir si je verrai le film ou pas !
Maghily
Hahaha, je ne me souvenais pas d’avoir écrit ça. 😉
Comme quoi, je reste constante !
Je viens d’aller regarder et, en réalité, elle a d’abord écrit Dark Places (2008).
Oui, je pense que les mêmes personnages avec une histoire moins prenante, ça n’aurait pas fonctionné du tout.
Bianca
J’avais beaucoup aimé Les apparences mais je n’ai pas encore lu celui-ci, il me tente moins et ton avis ne va pas m’inciter à le lire prochainement !
Maghily
Malheureusement, en ce moment, on ne peut pas vraiment dire que j’incite mes lecteurs à se plonger dans les livres que je présente !
J’espère que le mois de novembre sera plus sympa de ce côté-là.
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Catherine
J’avais rate ta chronique sur cette lecture! Je n’avais pas aime plus que ca non plus celui la. J’ai prefere l’autre “sharp object” ( je ne me souviens plus de la traduction francaise) parce que Libby est comme tu le dis, execrable et avoir de la peine pour quelqu’un de pas sympatique, c’est pas evident.
Maghily
Je n’ai pas encore lu ce roman d’elle. C’est son tout premier, si je vois bien.
C’est amusant de voir que les maisons d’édition francophones vont rechercher ses anciens romans non publiés en français, suite au succès des Apparences.
Je suis contente de ne pas être la seule à la trouver exécrable !
J’avais peur de devenir un peu grincheuse au sujet de mes lectures en ce moment. 😉
Catherine
Oui c’est souvent comme ca. Comme avec l’auteur de la voleuse de livre ou carlos ruiz zafon d’un coup sont ressortis tous les precedents livres. Et non, je te rassure, tu peux peut etre etre grincheuse en ce moment ( tout le monde a le droit de l’etre ;-)) mais pour le coup ici ce n’est pas toi!