Léon et Louise d’Alex Capus
Aujourd’hui, je vous présente une jolie découverte, un roman d’Alex Capus, auteur suisse de langue allemande, reçu pour Noël 2012. Il faisait partie des nombreux livres qui composaient la rentrée littéraire de septembre 2012 mais j’étais totalement passée à côté et ne connaissait absolument pas cet auteur.
Léon et Louise ont 18 ans quand ils se rencontrent dans un petit village normand, à la fin de la Grande Guerre. Malheureusement, celle-ci les séparent avant même que leur histoire ait pu réellement commencer. C’est le hasard qui les fait se retrouver 10 ans plus tard dans le métro parisien alors que chacun pensait que l’autre n’avait pas survécu aux événements qui les frappés de plein fouet. Cependant, la vie a suivi son cours, Léon est marié à Yvonne qui attend déjà son deuxième enfant, et le souci des convenances les empêche de reprendre leur histoire là où elle s’était interrompue. Malgré la distance et les années, Léon et Louise restent attachés l’un à l’autre : leur complicité ne s’étiole pas, bien au contraire. La Seconde Guerre Mondiale essaye elle aussi de les séparer mais elle n’y parvient que temporairement. Chaque fois, ils se retrouvent plus proches qu’ils ne l’étaient avant leur séparation. Alors des années plus tard, cette petite dame vive qui vient semer la zizanie à l’enterrement de Léon, grand-père comblé d’une ribambelle de petits-enfants, en déposant une sonnette de bicyclette sur son cercueil, serait-ce cette Louise à laquelle il semblait avoir été si attaché ?
Cette histoire d’amour entre deux âmes sœurs sans cesse séparées par la Grande Histoire nous témoigne d’une autre manière de vivre son couple : Léon aime profondément Louise qui, malgré son caractère bien trempé et son air détaché, le lui rend bien. Il aime également Yvonne, qu’il a choisi pour épouse et pour mère de ses enfants alors qu’il croyait Louise décédée depuis longtemps. Yvonne connaît l’histoire de Louise et la relation qui la lie à son mari : pourtant, elle l’encourage à aimer cette femme car elle sait que sa place dans le monde restera toujours auprès d’elle et que le seul moyen de le perdre serait de lui interdire de la voir. Louise, quant à elle, est consciente qu’elle arrive trop tard et ne veut pas dissoudre la famille de Léon, elle lui propose donc de s’aimer de loin.
Chaque personnage est attachant à sa manière : Léon, le rebelle réservé qui tente de contourner les ordres du régime nazi tout en protégeant sa famille, amoureux de deux femmes entre lesquelles il ne souhaite pas choisir tout en sachant pertinemment que si on le lui demande, il abandonnera sa passion pour le bonheur de sa famille ; Louise, la femme indépendante qui refuse de s’attacher et de détruire une famille mais qui ne sait pourtant pas s’éloigner de cet homme trop ordinaire et gentil qui l’attire comme un aimant ; Yvonne, l’épouse aux milles facettes capable des pires caprices comme d’une abnégation sans limite pour préserver sa famille.
Ce roman c’est aussi l’envers des guerres mondiales qui ont touché la France et le reste de l’Europe : la vie hors du front, les difficultés à se nourrir et les ruses pour y parvenir, l’emprise du régime nazi sur les citoyens, la collaboration forcée, etc.
J’ai beaucoup aimé ce livre parce qu’il raconte cette histoire simplement, sans jugement de valeur mais aussi pour ses descriptions de la vie normande du début du siècle et de la vie parisienne sous l’occupation.
Ma note :