De l’importance du choix des études
Littéraire convaincue depuis ma prime jeunesse (j’ai commencé à écrire mes premiers « romans » dès que j’ai su tenir un crayon – malheureusement, l’imagination m’a fait défaut), j’étais bien décidée, à la sortie des secondaires, à me lancer dans des études littéraires.
« Oui, mais les livres et le français, c’est bien joli, mais où cela va-t-il te mener ? », me demandait-on. Bonne question… posée quelques semaines plus tard à la journée portes ouvertes de ma future université. Réponse obtenue : « Oh mais il y a plein de débouchés avec les romanes ! Tu peux faire prof (évidemment), mais aussi libraire, journaliste ou travailler dans l’édition ou dans …. Etc. ». La seule chose que cet étudiant naïf avait oublié de me préciser (je préfère croire qu’il ne m’a pas volontairement flouée mais qu’il était, à l’époque, lui-même convaincu de ce qu’il m’énonçait), c’est le manque cruel de places disponibles dans ces différents domaines (exception faite, peut-être, de l’enseignement, bien que les jeunes profs rament pour dégoter un temps plein).
Deux ans plus tard (oui, je m’y étais prise à l’avance), je débarquais donc à l’université, section Langues et littératures françaises et romanes où j’ai fait de fabuleuses rencontres (les filles, si un jour vous tombez sur cet article…) et développé des connaissances, certes, peu utiles dans la vie de tous les jours, mais qui me passionnaient.
Arrivée en Master, l’heure était venue de faire un choix : orientation pédagogique, recherche ou monde du livre ? Mon amour de la littérature ayant pris le dessus, j’ai choisi l’édition (la bonne idée !). Me voilà m’imaginant devenir une grande éditrice, travaillant sur les ouvrages d’auteurs connus et reconnus… Haaa, c’est beau de rêver !
Le stage de MA2 me conforte dans l’idée que c’est MA voie : 1er entretien obtenu, stage décroché pour 3 mois ! Facile ! Je comprendrai pourquoi, plus tard. Le job est plus que sympa : c’est une petite équipe et je suis directement intégrée à toutes les phases de la conception des livres. Je m’occupe aussi de la promotion, de l’administratif, etc. Bref, je m’amuse ! C’est là également que je découvre les difficultés du secteur (surtout financières) et que je comprends que le stagiaire est considéré par l’éditeur comme du pain béni puisqu’il est une main d’œuvre gratuite et que, généralement, un éditeur engage peu.
Malgré cela, l’expérience m’a énormément plu : je ne me suis pas ennuyée une seconde et j’ai même pu tenir leur stand à la Foire du Livre (l’équivalent du Graal, pour moi, à l’époque) !
Diplôme en poche, du moins virtuellement parlant, il est temps de partir à la chasse à l’emploi ! Et là… La chute est rude ! Les offres en édition sont quasi inexistantes (et quand une offre apparaît, les candidats se comptent par centaines) et les autres secteurs cités par ce cher « étudiant des portes ouvertes » sont tout autant bouchés ! Les réponses du type «malgré vos compétences indéniables, nous ne pouvons… bla…bla…bla » se multiplient, les mois passent et mes espoirs trépassent !
Six mois plus tard, je décroche enfin un contrat : travail en cpas, pas du tout dans mon domaine, pour lequel je n’aurais eu besoin que de mon CESS mais, tadada, on accepte quand même de me payer au barème du graduat (alléluia !). Là encore, petite subtilité, sinon ce n’est pas drôle : « Donc, Mlle, c’est un CDD d’1 an, prolongeable en CDI mais, c’est un contrat CPE. Autrement dit, après vos 26 ans… ciao, bye-bye ! ».
Toujours naïve, je me suis dit, « Pas de problème, la conjoncture sera bientôt meilleure et comme je suis des cours du soir, j’aurais trouvé autre chose d’ici-là ! ».
Aujourd’hui, ces 26 ans approchent dangereusement et mes perspectives d’avenir n’ont pas l’air beaucoup plus glorieuses qu’il y a deux ans. C’est pourquoi, tous les jours, je m’auto-flagelle en me répétant « mais pourquoi tu n’as pas fait les sciences, l’informatique ou même Solvay ?! » parce que bon, avouons-le, ce n’était clairement pas mon truc mais c’est vachement plus porteur ! Comme quoi, la question des débouchés doit être largement plus considérée lors du choix des études et mieux vaut ne pas se contenter uniquement des infos données par un étudiant, payé par la faculté (c’est clair, à tout bien y réfléchir, qu’il n’allait pas me dire « ma fille, tu vas t’éclater pendant 5 ans mais après, tu vas ramer toute ta vie ! »).
2 commentaires
Christelle
Coucou, je me reconnais totalement dans ton début de parcours : archi littéraire depuis toujours, je soutenais depuis la première secondaire que je ferais les romanes … et j’y suis allée pour un an ! Il s’avère que le côté phonétique-analytique et le latin ne m’ont pas plu du tout … et comme je ne voulais surtout pas être prof, je me suis redirigée vers les études de bibliothécaire, et je suis très heureuse dans mon métier 😉
Maghily
Merci pour ton témoignage, je suis contente de lire que tu ne regrettes aucunement ton choix !
Que de larmes versées sur mes cours de latin ! 🙂
Bibliothécaire, j’y avais également pensé. Malheureusement, mon seul modèle n’était pas des plus engageants [vive la bibliothécaire de village caricaturale au possible…] et j’avais peur que cela m’enferme dans un seul métier… C’est bête, parce que finalement, je pense que cela m’aurait plu et le métier change tellement, maintenant, avec les nouvelles technologies et l’ouverture aux ateliers.
Depuis lors, j’ai fait le master en STIC [anciennement Infodoc] donc il n’est pas inenvisageable que je bifurque un jour en bibliothèque ! 😉